Verticale du Château Pavie Macquin (Saint Emilion) : millésimes 2004 à 2019 inclus : fin
Je rappelle dans cette deuxième et dernière partie les conditions de dégustation.
Les vins ont été classés en 4 grandes thèmes découlant des conditions météorologiques qui ont régi chaque millésime, à savoir : millésimes froids, millésimes classiques, grands millésimes classiques, grands millésimes solaires (voir billet précédent 26/09/2021) .
Quelques vins classés dans une catégorie à la marge pourraient être déplacés vers une autre (par exemple 2008 de grands millésimes classique vers millésimes classiques, et 2018 de grands millésimes classiques vers millésimes solaires).
Cette façon de procéder (dont j'ai énoncé le principe, sans en donner le détail) a rendu la dégustation beaucoup plus intéressante intellectuellement pour tous ceux qui dégustaient en semi-aveugle qu'une présentation par millésimes successifs. Nos amis producteurs se sont globalement fort bien comportés dans la détermination des millésimes.
Les vins ont été débouchés entre 4 et 7 heures selon leur âge, avant la dégustation du groupe, et les bouteilles sont servies sous chemise, numérotées de 1 à 16.
J'ai procédé moi-même à trois dégustations : une première 1h 30 avant celle du groupe, la deuxième avec le groupe, et une troisième 24 heures plus tard (restant des bouteilles).
Aucun vin n'a été contaminé par le TCA ( trichloroanisole) ou goût de bouchon.
Deux bouteilles ont montré des vins ayant évolué un peu plus rapidement, même parfois trop rapidemment en lien avec des bouchons secs et se cassant à l'extraction ou de moindre qualité dans un lot très globalement qualitatif. Il s'agit de phénomènes ponctuels à très ponctuels que je n'ai observés par exemple que pour la première fois sur le millésime 2004 dans cette série (sur une trentaine de bouteilles de ce millésime dégustées).
Cette dégustation a montré la belle qualité des vins dans son ensemble ( pour les bouteilles sans défaut du aux bouchons). La propriété a toujours eu le souci d'adapter ces méthodes pour améliorer la qualité et notamment la précision et la pureté aromatique des vins, et de limiter les degrés d'alcool (TAV) plus élevés dans les millésimes solaires en augmentant la proportion de Cabernet franc dans les nouvelles plantations, puis les assemblages en s'appuyant sur les études pédologiques et du sous-sol réalisées sur la propriété. Si dans dans la tranche des millésimes 2004 à 2008 la propriété a produit de très bons à grands vins (millésime 2005) en me référant à mes nombreuses dégustations, excepté celle de ce billet comme évoqué précédemment ; la série allant de 2009 à 2019 est, à mon avis, remarquable tant dans les millésimes océaniques que chauds.
Il faut tout de même constater que le terroir froid et les argiles puissantes occupant une très grandes majorité des sols et sous-sols favorables aux Merlots de Pavie Macquin sont particulièrement adaptés aux millésimes chauds ou solaires. Les vins offrent alors, des palettes aromatiques aux déclinaisons des différentes variétés de cerises, d'épices, de roses fanées et des notes précoces de truffe et sanguines, un milieu de bouche sphérique, puissant, et concentré naturellement, et de longues finales soutenues, fraîches (Ph bas), et expressives, sans oublier cette chair pleine qui doit d'enrober cette sérieuse masse tannique inhérente au terroir à tous les stades de la dégustation pour offrir un vin harmonieux.
Grands millésimes classiques
Vin n°9 : millésime 2005
Bouchon cassé en deux parties à l'extraction
La robe est profonde sanguine à rubis au bord du verre. Le bouquet accentue à l'aération des arômes de soupe de fruits noirs, de boite à épices, de légère réglisse, et de thé fumé. La bouche est riche, velouté , concentrée, sphérique, bien en chair et fruitée. La finale est appuyée (tannins serrés), avec une légère sécheresse, une acidité gustative perceptible, une palette aromatique (complexe mais un peu évoluée) et persistante. Une bouteille un peu évoluée à ce stade et un bon cran en dessous de celles dégustées précédemment . Noté 17 (94/100), moyenne du groupe 17
Vin n°10 : millésime 2008
Le vin est très évolué et à la limite de la madérisation après 24 heures en bouteille. Bouteille déviante
Vin n°11 : millésime 2010
La robe est assez profonde sanguine sur le disque. L'olfaction est expressive avec des arômes de cerises tardives, de cassis, d'épices douces, de roses, avec des notes de truffes noires . La bouche est charnue, veloutée, dense, très ample, intense, très fruitée, avec des tannins fins. La finale est longue, , d'un très bon maintien, veloutée, fraîche, très aromatique, avec une touche saline. Noté 18 (96/100), moyenne du groupe 17,40
Vin n° 12 : millésime 2016
La robe est profonde sanguine à violine. Le nez est avenant et bien ouvert avec des arômes de fruits rouges ( cerises) et petites baies noires, et des notes de légères épices, de baies roses, de violettes, et prémices de truffes. La bouche offre une texture veloutée , les tannins fins et mûrs se trament dans un corps dense et plein , haut, doté d'une chair bien formée et rehaussé de fruits expressifs. La finale est longue, velouté, d'une très bonne tenue, fraîche et très expressive. Noté 18 (96/100), moyenne du groupe 17,40
Vin n° 13 : millésime 2018
La robe est profonde avec des reflets de couleur violine. L'olfaction intense évoque les cerises noires, le cassis, la baie de sureau, les épices orientales, avec des notes de roses fanées, et un élevage distingué en arrière plan. La bouche est puissante, énergique, avec de beaux tannins mûrs et fins enrobés par une chair pleine et veloutée, et très fruitée. La finale est longue, impactante (les tannins sont enrobés), avec une fraîcheur de bon aloi, très aromatique et persistante.Noté 18,5 (97/100), moyenne du groupe 18,20
Grand millésimes solaires
Vin n° 14 : millésime 2009
La robe est assez profonde , sanguine à rubis . Le bouquet est intense avec des arômes de cerises "burlat" à maturité, de fins cassis, d'épices douces, de jasmin, de truffe noire et une touche sanguine. La bouche est dotée d'une chair généreuse, très veloutée donnant un toucher de bouche presque sensuel, sphérique, concentrée sans ostentation et fruitée. La finale est très allongée, bien tenue par des tannins tramés serrés et bien enrobés, harmonieuse, expressive et complexe. Noté 18 (96/100) , moyenne du groupe 17,40. Un magnum du même millésime, dégusté à la Jurade était un bon ton au-dessus.
Vin n°15 : Millésime 2015
La robe est profonde, sanguine à violine près du disque. L'aération amplifie des arômes de fruits noirs (dont la cerise tardive et la baie de sureau), d'épices (dont le gingembre) avec une pointe de réglisse. La bouche est charpentée, ample, musclée, bien en chair, velouté et fruité. La finale est allongée, appuyée (coeur de grain tannique un peu ferme, mais contour poli), fraîche, avec une palette aromatique expressive. Noté 18 (96/100), moyenne du groupe 18
Vin n°16 : millésime 2019
La robe est profonde, violine au bord du verre. L'olfaction est intense et pure, avec des arômes de cerises noires mûres, de petites baies sauvages, de pivoine , de roses, et des notes finement épicées. La bouche offre une association séduisante entre la puissance naturelle du terroir et l'élégance ( tannins fins et mûrs tramés serrés et denses), avec une chair pleine très veloutée ajoutant beaucoup de présence au vin dans milieu de bouche rehaussé de fruits très éloquents. La finale est longue, imposant son autorité naturelle, tout en restant charnue, fraîche, très aromatique et salivante.Noté 18,5 (97/100), voire un peu plus après une petite dizaine d'années de garde, moyenne du groupe 18,2