Climatologie du millésime 2017

Les données météorologiques (températures et pluviométrie) sont issues de la station météorologiques de Bordeaux Mérignac.

La station étant située dans un environnement urbain, les températures ne sont pas exactement celles observées dans le vignoble à un instant t, elles doivent être interprétées comme un ordre de grandeur.

Il en est de même pour la pluviométrie à un instant t, elle n'a pas un caractère homogène sur un vignoble qui s'étend du nord du Médoc à la limite du département avec celui de la Dordogne à l'est.

Le calcul de la normale (noté N dans le billet) utilisée sur la station météorologique de Mérignac a été effectué en prenant en compte les données des années s'étalant de 1981 à 2010.

Dans ce billet (12,1°C, +1,9/N; 67mm, +2%/N) signifie : une température moyenne de 12,1°C et un écart positif de 1,9°C par rapport à la normale; un cumul de précipitations de 67 millimètres et un écart positif de 2% par rapport à la normale.

 

Novembre 2016 à Janvier 2017 inclus

Le fait marquant de cette période, c'est l'important déficit de précipitation déjà engagé depuis le mois d'octobre 2016.

On note par rapport à la normale -85% en octobre, -22% en novembre, -87% en décembre, et -68% en janvier. Le total des précipitations cumulées s'élève à 142 mm. Cette sécheresse n'a pas permis de recharger les nappes phréatiques de subsurface, et plus profondes, après un été 2016 également sec.

La fin d'automne et le début ont des température moyennes légèrement suppérieures à la normale : novembre (10,4°C, +0,5/N) , décembre (8,1°C, +0,9/N). Le mois de Janvier est froid (4,6°C, -2,0/N). On dénombre 19 jours (4 en décembre, et 15 en janvier) ayant des températures minimales inférieures à 0°C .

 

Février et Mars

Un temps doux et assez pluvieux s'installe dès le mois de février (9,7°C, +2,2°C/N; 77 mm, +7%/N) qui se prolonge en mars (12,1°C, +1,9/N; 67mm, +2%/N). Le débourrement se généralis sur les terroirs précoces autour du 20 mars.

Avril

Le mois d'avril (13,1°C, +0,7/N; 22mm, -72%/N) est chaud et sec jusqu'au 24 avril, il favorise le débourrement total homogène et la croissance de la vigne.

Un flux froid et glacial venant du nord (anticyclone sibérien) s'abat sur la France avec des températures minimales extrêmes de -3°C à -6°C les nuits du 27 et 28 avril, infligeant à une grande partie du vignoble bordelais des dégats importants.

Certains secteurs sont plus, voire totalement, épargnés par ce gel dévastateur : les plateaux de Pomerol et de Saint Emilion (et sa côte sud), les vignobles en bordure de l'estuaire de la Gironde ( de Saint Julien au nord Médoc).

Tous les vignobles de plaine sont sérieusement impactés, avec parfois des pertes quasi-totales de la récolte.

Les mois suivants montreront que les bourgeons secondaires donnant naissance à des raisins de deuxième génération s'avèreront trop peu nombreux et trop tardifs pour permettre de rattraper une partie de la récolte.

 

Mai et Juin

Le mois de mai (18°C, +2°C/N; 58,5 mm, -27%/N) est chaud et sec. Sur les vignes non gelées, la précocité dy cycle se confirme. La floraison débute autour de la mi-mai (terroirs précoces), elle est homogène et rapide.

Juin (22,1°C, +2,8/N, 137 mm, +120%/N) est chaud et sec jusqu'au 25 du mois. Puis un temps orageux et très arrosé (97mm d'eau) s'établit du 26 au 30 juin. La quantité d'eau déversée pendant ces cinq jours représente la majeure partie de la pluviométrie du mois de juin.

Le déficit hydrique observé entre l'été 2016 et le 25 juin commence à se faire sentir dans le vignoble à partir des premiers jours de juin (début de stress hydrique, même sur les secteurs plus argileux plus favorables à la rétention d'eau). Les relevés de la station de Mérignac indiquent que les précipitations cumulées entre le premier avril et le 25 juin atteignent seulement 120mm.

 

Juillet et Août

Après l'épisode pluvieux de la fin du mois de juin, Juillet (22,1°C, +1,1°C/N; 28mm, -44%/N) et août (22,5°C, +1,1°C/N; 30,2 mm; -40%/N) sont normalement chauds mais secs, par rapport à la normale trentenaire, mais en dessous de la moyenne décennale. Les relevés indiquent 25 jours avec des températures maximales supérieures à 30°C (juin à août inclus) avec en particulier 9 jours du 21 au 29 août inclus.

Ce temps très sec et chaud (particulièrement la deuxième partie du mois d'août) a une incidence favorable sur la constitution des baies : peaux épaisses, bonne maturation des tannins (peaux et pépins), et dégradation des molécules responsables des arômes végétaux (méthoxypyrazines).

La mi-véraison débute vers le 25 juillet sur les cépages et terroirs précoces, ce qui laisse augurer un début de vendanges vers la mi-septembre.

Septembre

Le mois de septembre (17,7°C, -0,8/N; 72,1 mm, -14%/N) est assez contrasté et doit être analysé de façon plus détaillée.

Du premier au 7 septembre, le temps est sec et assez chaud (température minima : 10°C, température maxima : 25,5°C) sans atteindre les hautes valeurs de la fin août. Une phase pluvieuse se developpe entre le 8 et le 17 septembre inclus (précipitations cumulées : 62 mm). Elle accélère le mûrissement des baies, les températures plus clémentes limitent l'augmentation des sucres (donc celle des degrés alcooliques), et préservent les acidités maliques.

Les risques de développement du botrytis commencent à se faire sentir sur les Merlots (peaux plus fines) sur les parcelles de sables et de graves, et les vendanges débutent autour du 15 septembre.

La maturité des Cabernets Sauvignon est proche de celle des Merlots (une petite semaine).

Du 18 au 24 septembre le temps redevient sec et assez chaud, puis la pluie revient dès le 25 septembre. Des signes de botrytis commencent à apparaître sur les Cabernets Sauvignon qu'il convient de vendanger sans attendre.

Les vendanges battent leur plein en Médoc et se terminent pour les plus tardives vers le 6 octobre.

 

Le gel intense de la fin du mois d'avril conduit à un millésime hétérogène.

Les secteurs peu ou pas gelés ont élaboré de très bons à excellents vins (tel que j'ai pu déjà en goûter). Il sont modérés en alcool, frais, aromatiques, corsés pour les meilleurs, avec un bon potentiel de garde.

Pour les propriétés assez à fortement gélées et qui ont produit du vin, la dégustation nous permettra d'apporter une réponse aux questions posées par le millésime quant à l'élaboration de cette production.

La semaine de dégustation des "primeurs" 2017 sera instructive.