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Journal d'un passionné de la rive droite
25 avril 2021

Analyse du recueil Le Vin, de Baudelaire : alchimie poétique et scripturale et transmutation du vin, partie 2

 

Recueil Le Vin

 

Cette section est la troisième Des Fleurs du Mal, ou le troisième cercle, si l'on superpose le cheminement littéraire de l'auteur à celui de Dante. Ce troisième cercle, dans Les Enfers, est celui de la gourmandise.

 

Cette partie ne se compose que de cinq poèmes : L'âme du vin, le Vin des chiffonniers, Le Vin de l'Assassin, Le vin du solitaire, Le vin des Amants.

 

Vers quelle quête alchimique ou quête poétique, à travers ces cinq poèmes dédiés au vin, nous conduit Baudelaire ?

Pour son pèlerinage vers les paradis artificiels, c'est bien le vin que Baudelaire met dans sa calebasse, les mots qu'il place dans la besace et le lecteur, témoin de son itinérance, devient le bourdon, qu'il prend à partie. Plonger dans la lecture du recueil Le Vin, c'est découvrir un vin devenu un expédient de voyage et une quintessence alchimique pour atteindre le Beau et l'or des mots.

Rappelons d'abord l'histoire de ces cinq poèmes.

L'Âme du Vin est le monologue d'une bouteille qui confie à celui qui la boit sa résurrection dans les hauteurs d'une poésie divine qu'elle a inspirée, tel le phœnix, capable de renaître de ses cendres, plus beau encore.

Le Vin des Chiffonniers raconte comment le vin transforme un pauvre chiffonnier en roi et en héros épique, vainqueur de tous les immondices de sa vie.

Le Vin de l'Assassin raconte la confession d'un homme qui, sous l'effet du vin, s'est délivré d'une aliénante passion conjugale par le crime.

Le Vin du Solitaire est une poésie qui révèle les pensées d'un homme passablement ivre. Il s'adresse à la bouteille qu'il remercie de sa bienfaisance.

Enfin Le Vin des Amants, est une invitation à l'ivresse des mots, à l'ivresse poétique pour échapper aux tourments de la vie.

 

Pour Baudelaire, le vin, bu modérément ou non, est la manifestation inspiratrice tangible qu'on saisit par le goulot au soir de « l'humaine douleur1 » de la vie pour se réveiller dans le firmament d'un paradis artificiel constellé de beauté. La première alchimie est celle-là, l'exaltation ou la mythification de la bouteille ou de ceux qui la boivent : le vin rend le chiffonnier un chevalier vainqueur des démons de Paris, les amants des anges voguant dans les airs pour rejoindre le ciel féerique, l'assassin un poète ivre de libertés, la bouteille un phœnix.

 

Au XVIème siècle, Paracelse propose une alchimie thérapeutique. Il s'inspire des travaux de Jean de Roquetaillade qui à partir de la quintessence du vin associée à l'or, obtient un élixir capable de restaurer la santé. Cette vision de l'alchimie de Paracelse rejette en partie l'idée de la transmutation.

Dans Le Vin, Baudelaire associe ces deux concepts de l'alchimie. Il est bien question d'une transsubstantiation dans chacun des cinq poèmes, comme nous l'avons vu précédemment, mais il est également état d'une médecine de l'âme. Le vin est bien un élixir. A « l'homme usé par ses travaux2 », le vin redonne force et vitalité. La bouteille lui dit :

« Les coudes sur la table et retroussant tes manches,

Tu me glorifieras et tu seras content ; »3

Dans Le Vin du Solitaire, le vin est un « baume pénétrant 4» qui verse « la jeunesse et la vie 5».

 

Isabelle Sériot

 

739877

1Le Vin du Solitaire, poésie 96 de l'édition de 1857

2L'Âme du Vin, poésie 93 de l'édition de 1857

3Ibidem, note 4

4Ibidem note 3

5Ibidem note 3

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