Primeurs 2013 : Incidence du climat sur le millésime 2013 à Bordeaux
Conditions Climatiques du millésime 2013 à Bordeaux pour les vignobles de vins rouges.
Les données climatiques sont valables pour les vins blancs secs jusqu’à leurs vendanges qui se sont achevées avant le 28 septembre. Je reviendrai ultérieurement sur la fin de cycle des vins blancs secs et des vins liquoreux (Sauternes et Barsac).
Les températures et l’humidité du mois de décembre 2012 sont restées dans la moyenne bordelaise. Les mois de janvier, février et mars ont été frais et pluvieux, notamment janvier avec une pluviométrie bien supérieure à la normale, et si l’on regarde de près le bilan entre le début octobre 2012 et fin mars 2013, il a plu pendant près de trois mois (en cumul).
La première quinzaine d’Avril est dans la continuité de la fin mars (près de 40 millimètres de pluie dans certaines appellations) et il est des températures en dessous de la normale saisonnière. La deuxième quinzaine d’avril est plus sèche et plus chaude, et la vigne débourre enfin, avec 15 jours de retard par rapport à la normale.
Le mois de mai reste frais, même froid pour la saison, avec encore plus de 20 jours de pluies, ce qui ralentit la croissance de la vigne et retarde la floraison. Le cumul de pluies en Gironde pour ces cinq premiers mois de l’année dépasse les 400 millimètres !
L’inquiétude commence à affecter les propriétaires et vignerons, elle ne fera que s’amplifier avec un mois de juin froid et très humide (le chauffage fonctionne encore dans de nombreuses habitations girondines!). Les températures moyennes atteignent 5°C et 6°C de moins que la normale. La pluviométrie cumulée pour le mois de juin s’élève jusqu’à près de 130 millimètres, avec pour conséquence l’intense développement des maladies cryptogamiques.
La floraison qui débute à la fin de la première quinzaine de juin dure trois bonnes semaines, sous ce temps maussade, provocant beaucoup de coulure et de millerandage sur les Merlots, un peu moins sur les Cabernets Sauvignon. A la fin juin la vigne a pris trois bonnes semaines de retard par rapport à la moyenne depuis l’année 2000
Le temps très chaud et sec ne s’installe qu’à partir du 8 juillet, avec des températures maximum approchant les 30°C en moyenne dans le mois, qui vont favoriser l’arrivée de violents orages de grêle et/ou de trombe d’eau en fin de mois (25 juillet), dans pratiquement l’ensemble du bordelais. Ces fortes chutes de pluies (30 millimètres en libournais et près de 80 millimètres dans le Bourgeais et le Blayais ) en réalimentant en eau le vignoble retarde le début de la véraison, d’autant plus qu’un terrible orage de grêle ravage le vignoble de l’Entre Deux Mers, et poursuit sa trajectoire vers Branne, Vignonet, les Côtes de Castillon, et le département de la Dordogne. Après ses épisodes destructeurs, le mois d’août revient normalement chaud et sec. La véraison débute avant ma mi-aôut sur les terroirs les mieux drainés, et se développe lentement surtout sur les Merlots affectés par une floraison longue et hétérogène. Les propriétés dotées de moyens financiers satisfaisants peuvent se permettre alors, de couper les baies retardataires et mal vérées.
Le temps resta chaud et sec les premiers jours de septembre, le reste du mois jusqu’au 25 septembre fut plus humide et plus frais. La journée du 26 septembre fut chaude et abondamment pluvieuse (plus de 30 millimètres de pluies, par endroits ce jour là !) favorisant le développement rapide du botrytis ( pourriture grise) à l’état latent depuis la mi-septembre. Il fallut alors vendanger vite les Merlots sur les terroirs où la pourriture grise se développe de façon foudroyante. Les sols argileux et calcaires ont mieux résisté aux attaques du botrytis, et les vignerons ont pu vendanger plus tard (sur une partie du plateau calcaire de Saint Emilion) et obtenir ainsi des maturités de baies, plus abouties.
Il faut noter la faiblesse des rendements dus à la coulure et au millerandage des Merlots, à la forte pression des maladies cryptogamiques, et aux violents orages de grêle sur différentes appellations.
Un millésime très difficile plus favorable aux terroirs précoces de Pomerol, et en partie sur l’argilo-calcaire de Saint Emilion. Il faut donc s’attendre à des vins très hétérogènes en qualité, ce qui n’exclut pas de belles réussites dans le contexte du millésime. Pour les appellations de la rive gauche, la dégustation des vins montrera s’il existe une hiérarchie des appellations dans ce millésime.
La « vérité » sera dans le verre, pour partie lors des primeurs et plus certainement, quand le vin sera en bouteille, car il ne faut pas négliger le fait qu’un élevage bien mené apportera de l’étoffe aux vins.