Bordeaux 2004 chez IVV (2)

Les bouteilles sont servies , cachées par une chaussette. Le nom de la propriété n’ est dévoilé, qu’ après que chaque dégustateur ait pris des notes et  ait évalué le vin. Les vins commentés dans cette série ( 3 vins de la rive gauche) ont des signatures assez différentes, avec une tendance très rive droite, pour le vin d’appellation Médoc, aidé en cela par un pourcentage de merlot assez élevé ( plus de 40%)

Vin n ° 4 Saint Estèphe  Cos d’Estournel   2004

La robe est assez foncée avec des reflets de couleur pourpre, le nez d’une bonne intensité laisse apparaître des arômes de fruits mûrs : cassis, et cerises un peu épicés, notes de café un peu grillé, la bouche est construite de façon un peu longiligne , le grain tannique est un peu ferme, sans grande élégance , les fruits sont mûrs, mais sans beaucoup d’éclats, la finale est fraîche, mais manque d’allonge, et l’élevage ressort, un vin qui ne semble pas vraiment en place actuellement  Noté 15

Vin n ° 5  Médoc  Les Grands Chênes 2004

La robe est foncée, presque noire au centre du verre, avec un fin liseré de couleur violine, le nez est intense ,mais assez frais , avec des parfums de fruits noirs ( cassis, myrtilles et burlat ), d’épices variées ( plutôt douces), et en retrait des notes de café un peu torréfié, la bouche est sphérique, construite tout en largeur , avec des rondeurs, c’est plein, ample, avec du volume dans un milieu de bouche  aux belles saveurs de fruits bien mûrs, l’acidité présente donne un bon équilibre à la finale d’une bonne intensité, persistante , parfumée, avec un élevage en retrait, (petite note de sucre en ultime sensation)  Noté 16   

Vin n ° 6 Pessac- Léognan : Domaine de Chevalier  2004

La robe est assez colorée, avec des teintes pourpres à sanguine , le nez est frais et mûr, avec des arômes de cerises, et un peu de cassis, finement épicés, et de discrètes notes de café un peu grillé, la bouche est élégante , mais stricte, même un peu austère, ce qui fait penser à certains dégustateurs que les maturités sont un peu justes, ce n'est pas, bien sûr, la conception du consultant.La trame tannique est assez fine, sans aspérité , la finale est longiligne ,fraîche, les fruits sont un peu discrets, mais l’équilibre est là. Un vin un peu fermé , comme souvent dans sa jeunesse. Noté  15

Comments

[laurentg]

1ère session

9. Les Grands Chênes (Magrez) Medoc 2004. - 13°
50 % Merlot/45% Cabernet Sauvignon/5% Cabernet Franc.

L’après-midi : DS17 - PR17 - CD16,5 - BLG17. Note moyenne AM : 16,9
• Robe brillante, assez fluide, très sombre, rubis aux reflets prunes.
• Nez évident de fruit (cerise noire, cassis), relativement pur et spontané (pas de trace boisée), frais (menthe poivrée).
• Finesse éloquente, maturité juste, délicieusement expressive, n’écrasant ni la fraîcheur ni la franchise d’une bouche au fruité presque gourmand. Belle concentration, bel équilibre pour ce vin généreux, aux tanins fondus. La finale laisse juste percevoir quelques notes chauffées, réglissées, l’eucalyptus, mais sans excès, sans brider l’harmonie générale.

Le soir : DS17 - PC16,5 - LG16 - MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,5
Un nez nullement aguicheur (comme certains autres vins huppés de la série) : ni "sucré", ni velouté, aucune oeillade boisée vulgaire. Le fruit est assez crémeux mais englobé dans une trame austère qui sent la cerise, la myrtille, la terre humide, la créosote, le cachou. Bouche virile, de bonne tenue, aux fortes flaveurs de goudron. Elle semble limitée en termes de tannins et de longueur (le terroir n'est peut-être pas de premier choix ?). L'élevage semble aussi plus permissif (moins travaillé, ostentatoire ?).
J’avoue avoir été sensible (biais cognitif) à l’enthousiasme général de mes partenaires de dégustation sur cette expression solide et sérieuse(ma note immédiate étant plus basse).

2ème session (avec Daniel, qui n'est pas ici DS puisuq'il s'agit de Didier Sanchez))
5. Les Grands Chênes (Magrez) Medoc 2004. - 13° - Prix : 14 €
50 % Merlot/45% Cabernet Sauvignon/5% Cabernet Franc.
L’après-midi : DS13,5 - PR13,5 - CD14 - BLG14. Note moyenne AM : 13,8
• Robe brillante, assez fluide, prune, de forte intensité colorante.
• Nez mêlant fraîcheur et maturité dans une enveloppe toujours dominée par l’élevage : poivron rouge, cerise noire, café, fumé, grillé.
• Richesse ostentatoire en bouche, privilégiant la démonstration d’un élevage sans mesure (enrobant la bouche de crème, d’impression de sucrosité) à toute forme d’élégance et de subtilité. Finale brutale, sans finesse, plutôt brève.

Le soir : DS16,5 - PC16,5 - LG16,5 - MS16,5. Note moyenne SOIR : 16,5
Robe foncée. Nez expressif, vivant, déclinant des senteurs de fruits noirs, de moka, de fleurs capiteuses. La matière remplit bien la bouche, avec des tannins arrondis. Cohérence, délicatesse et suavité, pour un joli grain, qui a l’heur d’offrir en prime un beau suivi.

Enorme différence entre les 2 séances où seule la dégustation du soir permet de retrouver le vin bu le 25 Octobre.
On réunit en l’espace de 5 heures tous les arguments qui alimentent les polémiques des forums Internet…

6. Domaine de Chevalier Pessac-Léognan Grand Cru Classé 2004. - 13°
65 % Cabernet Sauvignon/ 30% Merlot/ 5% Cabernet Franc.

L’après-midi : DS15,5/16 - PR15,5/16 - CD15,5 - BLG16. Note moyenne AM : 15,6
• Robe très sombre, assez brillante, moyennement fluide, tout juste prune.
• Nez travaillé, particulièrement boisé, sur des notes de toasté, de crème, de vanille, de fraise cuite. Particulièrement mûr, mais derrière son élevage.
• Bouche toute en largeur, bâtie sur une superbe matière, concentrée, ultra mûre, mais desservie à ce stade par un élevage à l’expression pommadée, trop policée, dominant une finale tannique, marquée par le bois neuf. A attendre bien sagement !

Au fait : Pessac méconnaissable à l’aveugle…

Le soir : DS14,5 - PC15 - LG14,5 - MS15,5. Note moyenne SOIR : 14,9
Comme dans le cas de Cos d’Estournel, il me semble deviner une léger déficit en maturité de fruit. La bouche est marquée par pas mal d’alcool, pour des flaveurs plus acides de groseille. Harmonie en berne en raison d’une désobligeante pointe végétale en milieu de bouche (verdeur/amertume) et d’une finale bien abrupte. Un peu passe-partout et peu typé Pessac.

[Vincent LUCIEN]

Salut Daniel,

Et bien encore une fois les grands chênes 2004 n'a pas fini de faire parler de lui !!!

Sur les échantillons que j'ai eu l'occasion de déguster je trouve ta description assez proche et je ne suis pas étonné de la bonne note que tu lui accorde !

Et pour Chevalier 2004, un échantillon dégusté il y a quelques semaine m'est apparu effectivement assez "stricte" surtout en finale, mais quelle complexité et quel potentiel pour cette bouteille !!!

Bien à toi

A bientôt

Vincent