750 grammes
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Journal d'un passionné de la rive droite
5 janvier 2009

Et cette année 2009 ?

Alors cette année 2009, que faut-il en attendre?

Je n’ai pas vraiment envie de débuter cette année 2009, par des commentaires de dégustation qui auront le temps de prendre toutes leurs places, dans les futures chroniques.

Que ce soit dans les diverses rencontres, familiales, ou extra familiales, et surtout à la lecture de la presse quotidienne, régionale ou nationale, ce sont des sentiments d’inquiétude, voire d’angoisse qui dominent, en cette fin d’année 2008, et ce début d’année 2009.

Que faut-il souhaiter, alors?

Que les responsables et cadres dirigeants des banques soient punis, à la hauteur, de leur rôle majeur, dans la crise mondiale que nous subissons tous, aujourd’hui?

Une nouvelle organisation mondiale définissant un nouveau cadre pour éviter de répéter les mêmes erreurs que celles commises par des apprentis sorciers surfant, sans vergogne, sur un capitalisme financier débridé?

Même si l’économie libérale, avec des règles pour l’encadrer (certaines existent déjà), parait le moins mauvais des modèles économiques, il est inacceptable que l’enrichissement de quelques uns se fasse par la mise en péril de l’ensemble du système, au détriment des êtres humains et des valeurs qui sont les nôtres.

Je veux parler de l’humanisme, qui a été un des fondements de nos sociétés occidentales, et qui a toujours été défendu, parfois par une petite poignée d’individus seulement, lors de temps autrement plus difficiles et plus noirs pour l’Europe, que ceux que nous connaissons aujourd’hui.

Et le vin, dans tout cela, à Bordeaux en particulier?

Il risque bien de subir une grosse tempête au cours de ces deux prochaines années, à commencer par les « primeurs » 2008 à Bordeaux.

Si les prix ne sont pas réajustés à la hauteur du marché potentiel, les caisses de vins risquent de rester dans les chais des propriétés, d’autant plus que certains négociants n’auront pas la trésorerie nécessaire (j’ose à peine parler de la frilosité des banques, pour les financer !!!) pour porter des vins qui ne se vendraient pas. Des dépôts de bilan ne sont pas à exclure, si l’on tient compte, déjà, des difficultés rencontrées pour vendre les millésimes 2006 et 2007.

Les amateurs français et européens se sont, petit à petit, éloignés des grands vins de Bordeaux, à cause des prix prohibitifs pratiqués à partir du millésime 2005, et surtout ceux des millésimes 2006 et 2007.

Ce n’est pas dans une période de crise, qui verra le pouvoir d’achat de nombreux passionnés stagner, voire diminuer, avec en ligne de mire, hélas, de possibles licenciements, que nous  allons nous précipiter sur les achats de vins.

Il ne faudra pas s’attendre, non plus, à des acquisitions, sans compter,  de la part des riches acheteurs étrangers, qui ont perdu plus de 50% de leur fortune en Bourse, et ce n’est peut-être pas fini !!!

Tout cela devrait faire, sérieusement, réfléchir les propriétaires des grand crus bordelais, avant de fixer leurs prix, pour un millésime 2008, qui, même s’il est réussi chez certains, n’est tout de même pas extraordinaire.

Chers lecteurs, j’ai été bien long, trop sûrement, je vous souhaite, une grosse santé, beaucoup d’énergie, du bonheur, avec vos proches, pour traverser cette année 2009 qui ne sera pas, si l’on en croit les informations plus pessimistes les unes que les autres, une ballade sur un long fleuve tranquille. En espérant que vous aurez les ressources, et l’envie de vous adonner à notre passion commune : la dégustation de bonnes bouteilles. Un peu de partage et de convivialité ne feront pas de mal au cours de cette année 2009!

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Commentaires
D
Merci Alain, pour cette remontée de terrain,c'est à croire que certains propriétaires n'ont même pas conscience de l'environnement international, vivant dans leur bulle, et dans leur cercle fermé.<br /> J'ai comme l'impression que ceux qui vont se croire intouchable en fixant des prix "primeurs " 2008 déconnectés de la réalité de terain risque ,cette fois de le payer cher, en terme d'image et de fidélité des acheteurs.C'est à croire que l'interview de Moueix, avec son regard réaliste sur la situation bordelaise, a été ignoré par la profession !!!!<br /> <br /> Daniel
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W
De par mon ancien métier dans la finance et ma passion pour les vins de Bordeaux, j'ai été un observateur privilégié des crises précédentes qui ont secoué les économies mondiales et, plus concrètement pour ce qui nous concerne, de leurs effets sur Bordeaux.<br /> <br /> Bien entendu qu'en 30 ans, le profil de la place a beaucoup changé. L'approche de production tout comme le profil des clients ont énormément changé. L'environnement médiatique, lui aussi s'est profondément. Donc les effets des crises passées ne sont pas forcément transposables à la situation présente. Cependant, il y une chose qui ne semble pas vraiment changer: la myopie apparente de la filière face aux évènements! Dernièrement, j'ai fait parvenir, depuis mon site StatWine, une newsletter sur les effets de la crise annoncée dans le secteur vini-viticole. Plus de 150 Châteaux sont abonnés à cette lettre et, une fois n'est pas coutume, j'ai reçu 3 réactions de responsables ou de propriétaires de châteaux. Deux s'étonnent de mon analyse et l'un d'entre eux s'en montre même outré, m'accusant de "..mettre le moral des gens dans les chaussettes!". <br /> <br /> Chacun est libre de ses opinions et mon analyse, assez pessimiste j'en conviens, peut ne pas être partagée. Cependant, les signaux de l'économie réelle provenant des pays (USA, GB principalement) dont le cycle conjoncturel est toujours en avance de 6 à 12 mois sur le notre, sont particulièrement inquiétants. La globalisation croissante de l'économie rend illusoire l'idée que nous serions immunisés des effets de ce pataquès financier mondial. La politique de l'autruche de certains acteurs de la place de Bordeaux est, à ce titre, étonnante.. Le nez dans le guidon, les yeux rivés dans le rétroviseur, voient-ils seulement la délicate épingle à cheveux qui se trouve 150m devant eux alors qu'ils viennent de rouler 100 bornes en ligne droite à pleine vitesse?<br /> <br /> L'histoire de la gestion des crises précédentes me fait penser que non. Bordeaux n'a jamais été bon pour anticiper la conjoncture (par l'ajustement de ses tarifs) et réagit à posteriori plutôt qu'elle n'est proactive aux évènements.<br /> <br /> Ceci dit, Belle année 2009 et beaucoup de bonheur à tous!<br /> Alain
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D
Cher Hubris<br /> Merci pour votre intervention, qui prend parfaitement la mesure du yoyo des tarifs des vins de Bordeaux.<br /> Peut-être faudrait-il que Parker ne viennent pas déguster les primeurs 2008, comme il l'a fait en 2002, pour que les prix deviennent plus raisonnables ?<br /> Tous mes meilleurs voeux, vous accompagnent pour passer le plus joyeusement possible ce périple 2009, avec de belles bouteilles à la clé, bien partagées, de préférence.<br /> <br /> Daniel
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H
Cher Daniel,<br /> <br /> <br /> <br /> Permettez moi en premier lieu de vous offrir à titre de témoignage mes voeux les meilleurs pour cette nouvelle cuvée 2009, conscience, esprit critique, indépendance, ouverture et santé, cela s'avère naturel.<br /> Rassurez-vous, nous n'avez pas fait preuve de longueur excessive dans cette note d'amorce pour 2009; vous avez judicieusement pointé le profil que risque de prendre le marché du vin en 2009 ou 2010, dans ces sauts spéculatifs savemment distillés par une Place de Bordeaux qui semble dans une certain dé-mesure s'engluer dans des pratiques assez peu portées par la transparence et la responsabilité des acteurs, Chateaux, nécociants, courtiers, potenttats locaux, affiliés de pailles. Si le secteur du luxe semble cxonnaître une décélération sur l'ensemble de ses marchés à l'export, il y a tout lieu à <br /> penser que le secteur des grands vins devrait subir de tels mécanisme de régressions ou de corrections, à la seule condition de ne pas vicier les procédures spécifiques dans le cadre des Primeurs et d'un débat engagé à la mesure des enjeux à porter. Vous mettez à juste titre en exergue la poussée tarifaire post 2005, vous pouvez partir d'un peu plus loin...Le consommateur n'est pas dupe, davantage alerte, de plus en plus éco-citoyen et éco-responsable, avec des références et expériences plus ouvertes sur l'ensemble de la production viticole qualitative, ce qui lui permettra de ne pas succomber à la typologie d'un acheteur "néo-russe" ou "néo-chinois". Un marché du vin aussi désequilibré ne pourra donc se prévaloir d'une hypothétique auto-régulation que d'aucun n'osent dès lors entrevoir. Si les goûts se sont affinés, les processus de décisions et de jugements de l'amateur-consommateur et d'une partie de la filière engagée danc ces tendances ne sauraient se satisfaire de telles dérives.<br /> <br /> <br /> Très cordialement.
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