Châteauneuf du Pape : Charvin 2010, Pomerol : Gazin 2005, Sauternes : Raymond Lafon 2011
Les vins commentés ce jour sont ceux qui ont été placés sur le plat principal, le fromage et le dessert évoqués dans le billet précédent.
Le choix du pigeon, travaillé à la royale, c'est à dire en bardant les filets farcis des chairs de la carcasse et des pattes au foie gras entier et cru, a décidé dès le départ que nous mettrions deux Châteauneuf du Pape pour les apprécier en parallèle. Hélas le Beaucastel ne se présentant pas sous ses meilleurs auspices, celui de Charvin a été le seul vin pour le plat.
Mais évidemment il a été charmeur et le gibier ( pigeon obtenu chez un colombophile passionné dont les voyageurs sont une réputation ) a été nettement apprécié.
Le Salers, acheté à Uzerche, chez un fermier, a lui aussi été un fromage de choix qui s'est bien combiné avec le Gazin. Le Salers est doux, car l'affinage n'est que de quelques mois. Il préserve donc tout son fruité avant qu'il se soit attaqué par le persillage naturel et le sel.
Pour les habitués du blog, le dessert est un classique. Les poires sont confites au four à 50° plusieurs heures et agrémentées d'une glace faite à partir d'une crème épaisse et d'un jaune monté comme une crème anglaise. Elle est parfumée avec de la cannelle essentiellement.
La chantilly est faite au siphon, mais on lui ajoute un caramel beurre salé encore coulant. Il faut donc la préparer la veille.
Voici les vins qui ont été goûtés mais qui ne nécessitent pas de commentaires détaillés.
Le Chateauneuf du Pape Beaucastel rouge 2010 se présentait bien lors de sa mise en carafe deux heures avant le service. Il s'est avéré être nettement contaminé par les ethyl-phénols (Brettanomycès) à la dégustation à table.
Le Clos Manou vignes préphyloxériques de 1850 millésime 2015 est trop marqué par un élevage intense qui éteint hélas complètement une belle matière issue du cépage Merlot (100%)
Le Nuits Saint Georges 2007 de Dominique Laurent est très évolué malgré encore la présence de légères notes fruitées et florales, il aurait dû être bu au moins depuis cins ans.
Châteauneuf du Pape : Laurent Charvin 2010
Ouvert 6 heures avant le service et mis en carafe une heure et demie avant le début de la dégustation.
La robe est soutenue de couleur rubis à grenat. L'agitation accentue des arômes de cerises légèrement kirchées, d'épices variées, avec des notes de fraises sauvages, de roses, et de garrigue. L'attaque est soyeuse, le vin se développe dans un corps fuselé dense, délicatement charnu et fruité. La finale est longue, tenue par des tannins fins mais tramés serrés et plus fermes, elle est aromatique, et dotée d'une fraîcheur perceptible en arrière plan. Note potentielle 17 (94/100), note plaisir 16/16,5
Pomerol : Gazin 2005
Ouvert au débotté pour remplacer le Clos Manou vignes préphyloxériques millésime 2015, et mis en carafe 45 minutes
La robe est assez profonde sanguine à grenat. Le bouquet est expressif et avenant avec des arômes de cerises mûres, de violettes, de fines épices, et d'élevage net finissant de se fondre. La bouche est délicate et veloutée en attaque, le milieu de bouche charnu offre des rondeurs avenantes et une bonne densité, avec des fruits éloquents. La finale est allongée, encore un peu ferme fraîche, d'un bon maintien et expressive. Note potentielle 17 (94/100). Voire un peu plus dans cinq ans.
Sauternes : Raymond Lafon 2011
La robe or soutenue est brillante. Le nez intense évoque les fruits rôtis ( abricot et mangue) , les agrumes confits (dont l'orange), les épices douces (safran dominant ), avec des notes de miel. La bouche offre une liqueur pure dense, très veloutée à onctueuse, d'une élégante concentration, agrémentée de fruits rôtis. La finale est longue, intense, harmonieuse, très aromatique et persistante. Noté 17 (94/100)