Restaurant La Marine, Noirmoutier, cuisine d'A. Couillon, La Grande Sendrée 2008 et La Bégou 2016 : première partie
Si les lecteurs parviennent à suivre nos déambulations viniques, ils se seront rendu compte que nous avons le plaisir de nous offrir deux à trois fois l'an de grands restaurants gastronomiques. Nous avons choisi pour notre période estivale de tenter la cuisine d'Alexandre Couillon. Etant abonnés au Thuriès Magazine, certaines des recettes avaient déjà été tentées et nous étions plus que décidés à les vivre dans les lieux, étant persuadés que nous en découvririons une facette autrement plus enthousiasmante. Le hasard réunissant toujours les amis gastronomes, ce sont nos amis Isabelle et Pascal qui ont permis que se concrétise cette rencontre. Pour y être allés, l'été dernier et pour en avoir gardé un grand souvenir, ils avaient eu aussi à coeur d'y retourner. Qu'à cela ne tienne! Pascal gère la réservation, nous gratifie de quelques recommandations nées de son expérience précédente, notamment pour ce qui est de la sommellerie, et nous voilà partis de bon matin pour Noirmoutier.
Sur place, nous visitons le passage du Gois : nous n'avons pas pu l'emprunter en voiture en raison du décalage des marées.
Mais nous sommes fascinés par cette infrastructure encore bien rustique, qui n'est pas sans rappeler les pavés du Nord, du Paris-Roubaix. Les locaux se défendent bien de nommer le Gois comme l'enfer de Noirmoutier, il n'empêche qu'il n'a été franchi à pied ( et à cheval) qu'une première fois à la fin du XVIIIème siècle et qu'aujourd'hui il est très dangereux de s'y aventurer sans précaution. Le Gois ne compte plus ses réfugiés (sur les balises de secours), voire ses noyés.
Nous arrivons au restaurant La Marine : la façade est sobre et se distingue des autres en raisons du choix des peintures noires des volets. Il domine le port de plaisance.
Nous faisons le choix de prendre le menu NO, c'est à dire celui qui décline les neuf plats. Le plus extraordinaire est qu'il est couplé à d'interminables mises en bouche et à de très jolies mignardises et autres confiseries qui accompagnent les boissons chaudes de la fin du repas. Aucun de nous ne sent fatigué, c'est dire comme les plats sont vraiment ajustés et aériens pour certains.
L'objectif d'Alexandre Couillon est de mettre en valeur toutes les denrées de l'île, à commencer par celles qu'il produit lui-même sur une petite terre en fermage, qu'il transforme en potager. Les herbes aromatiques, les plantes, le poisson de leur propre bateau de pêche, sont les seules matières travaillées. Même les plus réfractaires aux poissons ne peuvent que s'y complaire.
D'un commun accord, nous choisissons un champagne ( il nous est offert par nos amis qui sont heureux de célébrer la naissance d'un petit-fils), deux vins blancs et un vin rouge.
Les vins commentés ce jour sont la Grande Sendrée 2008 et La Bégou 2016. Le champagne a accompagné les mises en bouche : toutes ont très bien fonctionné sur ce vin puisqu'il est déjà très vineux et très typé.
Champagne : Drappier : La Grande Sendrée 2008
Assemblage : Pinot noir 55%, Chardonnay 45%
La robe or claire est brillante et traversée par un cordon de bulles fines. Le nez séduisant et expressif évoque l'orange, la pêche, la verveine, avec des notes de fraises, d'amande, et de fines viennoiserie. La bouche est tonique, avec une chair délicate et veloutée sous-jacente, vineuse dans un centre frais et corsé, rehaussé de fruits variés éloquents. La finale est longue, précise, dynamique, expressive, harmonieuse, ponctuée d'une nette salinité salivante. Noté 17,5, voire un peu plus avec quelques années de vieillissement sous verre.
Le chinchard fumé aurait la préférence, mais c'est subjectif, puisque les premières, qui étaient des déclinaisons de la pomme de terre de Noimoutier, étaient à elles seules tout un récital! Un bel orfeo de saveurs, dirons-nous!
La Bégou a été apprécié sur l'huitre, le maquereau et les langoustines : l'accord a sans doute été plus pertinent avec le maquereau, mais là aussi tout est relatif car le vin est réellement excellent et d'une belle complexité qui lui permet de s'associer facilement avec bonheur!
Le maquereau est parfumé à de l'huile de figuier, du vinaigre de cerise et sur le dessus de la mauve. Daniel pour qui tout vin ou tout plat est symphonie d'arômes et de saveurs se délecte...
Le plat phare d'Alexandre Couillon, l'huître Erika : lire ici la concernant !
Languedoc : Corbières : Maxime Magnon : La Bégou 2016
Assemblage : 60% Grenache gris, 40% Grenache blanc
La robe de couleur or est brillante. L'agitation accentue des arômes de poires, de pêches blanches, d'amande, avec des notes de légers agrumes, d'anis et une touche d'épices. La bouche est dense, dotée d'une belle chair veloutée, pleine et ample sans ostentation dans un milieu de bouche fruité avec une agréable perception de fraîcheur. La finale est longue, élancée, d'une bonne expression aromatique qui s'amplifiera avec la garde, pure, d'une juste fraîcheur, et saline. Note 17, voire un peu plus dans deux à trois ans.