Une verticale de la cuvée 1901 ( millésime 2005 à 2015) du Château Beauséjour à Montagne
Pierre Bernault nous a conviés à un dîner/dégustation en compagnie d'amateurs et de professionnels de la filière viti-vinicole en son château Beauséjour à Montagne. L'objectif était de déguster une verticale de la cuvée 1901 (âge de plantation des vignes, avec un encépagement 50% Merlot, et 50% cabernet franc) allant du millésime 2005 (date de l'acquisition de la propriété par Pierre) au millésime 2015 (bouteilles découvertes).
Le repas était articulé autour d'un excellent gigot de sept heures, avec des entrées, fromages et desserts.
Les vins ont été servis par ordre décroissant ( 2105 à 2005). Trois vins ont été élaborés en 2015 : Emotion (100% Merlot sans soufre ajouté), Pléiade (80% de jeunes vignes issues de sélection massale de 1901, plantées en 2012, 20% de vignes de 1901, avec un élevage en barriques de deux vins), et la cuvée classique 1901. Les vins qui avaient été mis en bouteilles quelques jours auparavant, étaient machés par la mise, et seront à revoir. Le potentiel de la cuvée 1901 (millésime 2015) apparaît néanmoins très intéressant et à confirmer par une dégustation dans quelques mois.
D'autres vins ont été dégustés avec les entrées dont Le Retout blanc du millésime 2015 élaboré dans le Médoc en Vin de France avec une bonne partie de cépages improbables à Bordeaux ( assemblage : 36% sauvignon gris, 35% Gros Manseng, 16% Savagnin, 13% Mondeuse blanche). Si le Sauvignon nous a paru évident, nous avons bien voyagé pour le reste. Le vin est bien réussi, aromatique, charnu, assez gras, et d'une bonne fraîcheur, dans ce millésime 2015, apportée par les cépages Gros Manseng et Savagnin.
Pour conclure cette réunion, Pierre a extrait de sa cave de vieux millésimes laissés par les anciens propriétaires dont une bouteille de Fonroque 1917. Le niveau dans la bouteille est en bas de l'épaule. Le vin est hélas trahi par son bouchon (TCA), en bouche des fruits frais sont encore présents, la finale est un peu acide (très fraîche). Ce vin vaut surtout pour l'émotion historique évoquant les combats mortifères du chemin des Dames en 1917.
Vous pourrez lire les rappels historiques, et les impressions d'André Fuster sur cette dégustation ici :
Voici le classement et les commentaires de mes cinq vins préférés de cette verticale de la cuvée 1901
Millésime 2010
La robe est profonde de teinte sanguine. Le nez est net et expressif avec des arômes de fruits noirs (cerises et cassis), d'épices douces avec des notes réglissées , de thé fumé, et de truffe noire. La bouche est bien en chair veloutée (dans sa première partie) concentrée et assez sphérique rehaussée de fruits éloquents. La finale est longue, bien tenue par des tannins fermes finement enrobés, aromatique et persistante, et dotée d'une fraîcheur de bon aloi qui apporte du dynamisme et un bel équilibre au vin. Noté 16,5
Millésime 2005
La robe est profonde de couleur sanguine à rubis. Le bouquet séduisant et d'une bonne intensité évoque les cerises noires, le cassis, les baies de sureau, la boîte à épices (cannelle dominante), les truffes noires avec des notes d'encens. La bouche est charnue et très veloutée, avec un corps bien formé, dense et ample, agrémenté d'expressifs fruits épicés. La finale est longue, d'une bon maitien avec des tannins patinés, soulignée par des arômes persistant d' épices, de fruits légèrement évolués, de truffes, et une pointe florale avec une légère note saline en ultime sensation. Noté 16
Millésime 2012
La robe violine à sanguine est profonde. L'aération intensifie des arômes de cerises mûres, d'écume de cassis, d'épices, avec des notes réglissées et d'élevage en arrière plan. L'attaque est veloutée et charnue, le centre bien construit et dense offre des rondeurs avenantes, relevé de fruits gourmands. La finale est allongée, avec des tannins fermes au contour poli, d'une bonne fraîcheur, et persistante (fruitée, épicée, et légèrement florale) et un léger élevage pas encore fondu. Noté 15,5
Millésime 2007
La robe est assez profonde, de couleur rubis à grenat. Le nez bien ouvert évoque les cerises mûres, la violette, avec des notes de cassis et de très légères épices. La bouche est élégante, veloutée délicatement charnue, le milieu de bouche est un peu plus haut que l'attaque, avec un corps oblong agrémenté de fruits avenants. La finale délicate et élancée est étirée par une juste fraîcheur qui met en valeur les fruits mûrs et offre une agréable persistance. Noté 15
Millésime 2006
La robe est très soutenue à assez profonde de teinte rubis à grenat. L'olfaction est expressive avec des arômes de cacao, de fin café, de cerises fraîches, et des notes florales, de baies noires, et légèrement épicée. L'attaque est soyeuse, le vin se développe dans la continuité dans un centre finement charnu et fruité. La finale portée par une acidité un peu vive même assez mordante est dotée d'une agréable palette aromatique (fruité et florale) avec une légère sensation d'amertume et d'astringence dû à un élevage un peu appuyé dans le contexte du millésime. Noté 14,5
Le millésime 2006 n'a pas été favorable aux terroirs argilo-calcaire de la rive droite. Un mois de septembre calamiteux (pluies diluviennes) n'a pas permis aux terroirs froids d'atteindre une juste maturité phénolique. Les vins sont souvent assez austères en finale et acides