Climatologie du millésime 2016 à Bordeaux
Climatologie du millésime 2016 à Bordeaux
Les données météorologiques sont issues de la station météorologique de Bordeaux-Mérignac .
Les chiffres entre parenthèses indiquent de gauche à droite:la température maximale moyenne, la température minimale moyenne, la température moyenne, puis les précipitations cumulées en millimètres.
Les différentes moyennes de cette station météorologique sont calculées sur la période 1961 à 1990, et ne tiennent pas compte de l'évolution du climat de ces 25 dernières années, c'est le premier nombre en noir. Nous ajouterons un deuxième nombre (en couleur rouge) calculant la moyenne sur les quinze dernières années, quand ce sera possible.
Exemple : écarts à la moyenne : (+3,7 ; +2,2)
La fin d'automne 2015 est douce et sèche avec pour chiffres retenus en novembre (16,7 ; 8,9 ; 12,8) et en décembre (14,7; 6,5 ; 10,6) et des écarts à la moyenne qui sont respectivement ( +3,7 ; +2,2) et (+4,2 ; +2,7). Le déficit hydrique représente 47% et 81%
A partir du mois de janvier, les pluies tombent abondamment avec des températures restant très douces : janvier ( 12,4 ; 6,1 ; 9,2), février ( 12 ; 5,5 ; 8,8) et mars ( 14 ; 5,5 ; 9,7) soit respectivement ( +3,5 ; +2,2) , (+1,7 ; +1,3) et (+0,9 ; -0,9) par rapport aux moyennes définies précédemment. Il n'y a eu que cinq nuits au cours de l'hiver 2015-2016 où la température a été négative !
Entre le premier janvier et le 31 mars, les précipitations s'élèvent à 496 millimètres avec un pic de 234 mm en janvier soit au total un peu plus de trois fois la normale.
Sur les sols gorgés d' eau, avec des températures un peu plus clémentes dès le 15 mars, le débourrement débute la dernière semaine de mars sur les cépages précoces (Merlots), donc, avec un petite semaine d'avance par rapport aux observations de ces vingt dernières années.
Le printemps est humide avec des températures inférieures aux moyennes des quinze dernières années mais légèrement supérieures à celles de la période 1961-1990. Le mois d'avril (16,8 ; 7,4 ; 12,1) ( +0,8 ; -1,0 ) voit tomber 60 mm d'eau soit 17% de moins que la normale. Le gel des 28 et 30 avril affecte faiblement les terroirs les plus gélifs du bordelais (sans commune mesure avec les dégâts causés à d'autres vignobles français septentrionaux à la même date).
Le mois de mai est pluvieux ( 93mm et 20% de plus que la normale) avec pour températures ( 20,9 ; 11,4 ; 16,2) soit (+1,6 ; -0,3) proche de la moyenne.
Les fortes précipitations du début de l'année, et celles du mois de mai avec la remontée des température offrent un contexte très favorable au développement rapide des maladies cryptogamiques ( dont le mildiou ) qui ont eu pour conséquence des pertes de récoltes parfois importantes dans certaines propriétés. Comme d'habitude, les propriétés bien organisées, prévoyantes, réactives, et rigoureuses ont bien maîtrisé ces virulentes attaques qui ont nécessité de rester vigilants jusqu'au début du mois d'août.
Le développement foliaire se déroule normalement sur les terroirs de sables et de graves sèches, il est un peu plus apathique sur les sols et sous-sols argilo-calcaire chargés d'eau. Le manque d'ensoleillement ne favorise pas la photosynthèse.
La floraison débute tardivement début juin avec un temps frais, mais sec, excepté la journée orageuse du 6 juin (13mm), suivi à nouveau d'un temps sec et chaud (4 jours à plus de 25°C). La pleine fleur est atteinte la deuxième semaine du mois dans des conditions remarquables, certains diront miraculeuses dans cette petite fenêtre si importante pour le rendement et la qualité du millésime, elle est globalement homogène.
La pluie et un temps plus frais reviennent dès le 12 juin jusqu'au 19 juin. Dès le 20 juin s'installe un climat anticyclonique chaud et sec qui va durer près de trois mois d'affilée avant le premier véritable épisode pluvieux. La température moyenne du mois était de 18,9 (soit -1,2 °C par rapport à la moyenne des 15 dernières années) et un cumul de précipitation égal 75mm ( +34% par rapport à la normale) à la station de Mérignac.
Les mois de juillet et août sont chauds et très secs : juillet ( 27,2; 15,8 ; 21,5) soit ( +1,3 ; -0,1) d'écart aux moyennes des températures et ( 12,9 mm, -72%) pour les précipitations cumulées ; en août ( 29,4 ; 16,1 ; 22,8) soit (+2,9 ; +1,4) et (11,5mm, -79%)
Dès la fin juillet, les jeunes vignes commencent à souffrir de stress hydrique, et un peu plus tard les vignes plantées sur des sols sableux et de graves sèches. Les pics de température dégradent les molécules responsables des arômes végétaux (pyrazine) comme en 2015. Les alternances de nuits fraîches (températures inférieures à 20°C , sauf deux jours en août) et de journées chaudes ne permettent pas de combler le retard pris à la floraison.
La véraison commence début août favorisée par les pluies orageuses du 4 août (10mm). La mi-véraison est atteinte autour du 15 août ( en moyenne).
Un temps chaud et sec continue de régner tout le mois d'août jusqu'au 12 septembre, la vigne commence à souffrir sur les terroirs les plus frais (argilo-calcaires), l'équilibre précaire est néanmoins maintenu grâce à des nuits restant fraîches. Les 13 et 14 septembre les pluies tant attendues (respectivement 41mm et 9mm) tombent enfin, avec quelques variations dans les quantité d'eau tombées selon les appellations. Elles permettent de débloquer les maturités, et un temps sec revenant rapidement empêche le développement du botrytis (pourriture grise). La maturités progressent lentement en raison d'une alternance de nuits fraîches ( 13°C en moyenne) et de jours plus chauds (25°C en moyenne). 2016 se présente, alors comme un millésime de cycle long et de mûrissement lent.
Le mois de septembre - ( 26,9 ; 14,6, 20,7) et 65,7mm en cumul de précipitation soit -11% par rapport à la normale - se termine par un petit épisode pluvieux (13mm le 30/09) bienvenu.
Le mois d'octobre (18,6 ; 9,4, 14) avec des températures dans la normale est sec (14,4mm dont 5,5mm le 12/10) ce qui contribue à un déficit de 84%. Les alternances de nuits fraîches et de journées plus chaudes continuent.
Des baies dégustées sur la période du 01/10 au 20/10 montrent des teneurs en sucres qui progressent lentement, des peaux épaisses qui s'affinent et deviennent plus souples selon le même processus, et les pépins déjà assez blonds au début du mois finissent de mûrir.
La plupart des propriétés du plateau calcaire de Saint Emilion vendangent la semaine du 17 au 23 octobre (sauf Canon qui a déjà terminé les siennes). Les derniers Cabernets sont récoltés au début de la semaine suivante sur les terroirs froids.
Les premières analyses montrent un riche potentiel tannique (peaux épaisses et pépins plus nombreux par baie) des acidités maliques basses (dégradées par les chaleurs de juillet et août) et des Ph bas sur les terroirs argilo-calcaires.
Il n' y a pas eu comme en 2015 de forts orages tropicaux sur le Médoc à la mi-septembre, et toutes les appellations ont bénéficié de la même climatologie à quelques nuances près. Il s'agit d'un millésime homogène. Des informations fiables et variées annoncent de magnifiques Cabernets Sauvignon en rive gauche.
Pour les propriétés qui ont maîtrisé les virulentes attaques de mildiou les rendements sont bons à très bons (supérieur à 2015). La grande qualité des vins sera au rendez-vous pour ceux qui auront suffisamment patienté pour vendanger. Les châteaux dotés de terroir sableux ou de graves sèches auront été moins favorisés dans ce millésime très sec dès la fin du mois de juin.
Les dégustations du mois d'avril 2017 nous fourniront davantage de précision sur ce millésime très prometteur pour l'ensemble du Bordelais (je n'évoque ici que les vins rouges).