Visite au Clos de la Barbanne : Montagne Saint Emilion
André Fuster nous a proposé, début août, de nous joindre à lui et à une jeune équipe d'étudiants s'intéressant au vin pour deux visites de propriétés, suivies, en soirée, d'une dégustation à l'aveugle ayant pour thème Saint Estèphe versus Saint Emilion et satellites qui a été commentée sur ce blog ici.
Nous débutons la journée par le Clos de La Barbanne (Montagne Saint Emilion) qui appartient à Laurent et Annie Gerber tous deux natifs d'Alsace .
Laurent Gerber est le fils d'un instituteur qui possédait une parcelle de Gewurztraminer (0,5 hectare) et aidait son père à le vinifier. Une première expérience qui aura son importance dans ses choix futurs. Après des études secondaires et des classes préparatoires au lycée de Strasbourg, il intègre l'école de Chimie de Toulouse. L'éloignement de son domicile (15 heures de voyage à cette époque) le contraint à rester et à voyager dans le sud-ouest, lors de ses temps libres. Avec un camarade de promotion, il vient vendanger en 1972 à Pineuilh et se rend le dimanche à Saint Emilion en pleine vendange qu'il perçoit alors comme un pays de cocagne. Il rencontre Annie en 1975 à Munich et débute une carrière d'ingénieur dans l'industrie agro-alimentaire qui le conduira à diriger plusieurs grandes unités de production d'alcool, de sorbitol, et d'une cinquantaine de produits dérivés, en Europe et aux Etats- Unis.
En 2004 ils décident de réaliser leur projet : habiter dans une région où il fait chaud et s'occuper d'un vignoble. Il se mettent en recherche d'une propriété dans le Bordelais qui permette de vivre de leur travail. Lors d'une année de stage au lycée agricole de Montagne, il apprend qu'un petit vignoble (1,8 hectares : 90% merlot, 10% Cabernet Franc) et une maison d'habitation sont à vendre en appellation Montagne Saint Emilion sur la rive droite de la Barbanne. Ils en font l'acquisition en février 2007. Il faut tout de suite entreprendre les travaux viticoles par la taille de la vigne et ensuite élaborer ce premier millésime. La propriété n'ayant pas de chai, il vinifie le vin dans une cuve de 80 hectolitres prêtée par un vigneron de Montagne. Le vin ne se présentant pas mal, il décide la construction d'un chai attenant à la maison qu'il rénove également en 2008 . En 2009 une partie de l'habitation est réhabilitée avec la création de quatre vastes et luxueuses chambres d'hôtes, nécessaires pour la rentabilité du projet, compte tenu de la petite taille du vignoble.
Les lecteurs qui désirent s'informer davantage sur les prestations proposées par Annie et Laurent Gerber ( vin sous l'étiquette Concerto, chambres d'hôtes et table d'hôtes) suivront ce lien.
Annie et Laurent nous ont proposé de déguster 3 millésimes de leur production, plus le millésime 2010 qui a été goûté à l'aveugle lors de la soirée chez André Fuster en fin de journée.
Concerto : millésime 2013
La robe est soutenue de couleur pourpre., Le nez net et ouvert évoque la cerise fraîche, la groseille, avec des notes florales et d'élevage assez discret. La bouche est souple, fine, svelte, élancée dotée de fruits frais. La finale , de longueur normale, est très fraîche, aérienne, avec des tannins un peu plus impressifs rehaussée de saveurs de cerises amères ( fruits et noyaux) avec des notes de café léger. Noté 13
Concerto : millésime 2011
La robe est assez profonde, de teinte sanguine. L'olfaction est expressive avec des arômes de fruits noirs ( mûres dominantes) d'épices douces de violette, de chocolat et de café. L'attaque est veloutée, les tannins se trament dans un corps bien formé, fuselé, finement charnu et fruité. La finale d'une bonne allonge tenue par des tannins plus fermes est un peu austère, néanmoins d'une bonne persistante aromatique. Noté 14
Concerto : millésime 2009
La robe est profonde avec un liseré de couleur pourpre. Le nez d'une bonne intensité évoque les prunes et les cerises noires, les épices douces , avec des notes réglissées et de légère truffe noire. La bouche est très veloutée, concentrée, assez sphérique dans un centre rehaussé de séduisants fruits épicés. La finale est allongée, d'une fraîcheur de bon aloi, soutenue, persistante portée par les saveurs décelées à l'olfaction. Noté 15
Concerto : millésime 2010 ( à l'aveugle)
La robe est profonde, de teinte sanguine. Un élevage soutenu (café et chocolat) domine le nez au repos ; à l'agitation des arômes de fruits mûrs (cerises noires et léger cassis), de boite à épices se révèlent. La bouche est riche, ample , sphérique, charnue, agrémentée de fruits plus expressifs. La finale est longue, persistante, autoritaire, d'une bonne fraîcheur, fruitée , épicée, avec en arrière plan des saveurs d'élevage, elle est ponctuée d'une légère sensation de sucrosité ( élevage). Noté 15. Compte tenu de la richesse du vin, l'élevage devrait se fondre harmonieusement.