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Journal d'un passionné de la rive droite
27 janvier 2015

Premier aperçu du millésime 2014 en rive droite de Bordeaux

Données météorologiques

 

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Après un hiver doux et très pluvieux (bien supérieur à la moyenne des trente dernières années), excepté la première quinzaine du mois de décembre 2013, les vignes sont gorgées d'eau. Un mois de mars assez chaud suivi d'un mois d'avril au dessus des moyennes saisonnières, et en dessous pour la pluviométrie, permet un développement rapide de la vigne.

 

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Le début du mois de mai est doux et sec, puis lors de la deuxième partie du mois, un temps plus frais et pluvieux s'installe, accompagné, par endroits d'orages de grêle. Le mois de juin est chaud ( 2°C au dessus des moyennes trentenaires) et sec ( 20% en dessous de ces mêmes moyennes). La floraison débute fin mai, pour les secteurs les plus précoces, dans de très bonnes conditions ( chaudes et peu humides), elle est homogène et rapide à assez rapide selon les terroirs, et permet d'envisager de bons rendements.

Le mois de juillet est dans la moyenne, quant aux températures, mais très humide, évoquant un climat à caractère tropical, ce qui favorise la pousse de la vigne, et le développement des maladies cryptogamiques ( mildiou, botrytis ) et bloque le début de la véraison.

Début août est humide et plus frais que la moyenne saisonnière, avec la même incidence sur la véraison, les maladies de la vigne et des orages de grêle par endroits. L'angoisse monte chez les vignerons, marqués par le spectre de 2013. L'avance qu'avait acquise la vigne au printemps est perdue. La dernière semaine d' août le temps change et devient chaud et sec. 

Le mois de septembre est chaud et très sec ( c'est l'été !), les données relévées à la station météorologique de Mérignac indiquent une température moyenne de 20,7°C soit près de trois points supérieurs à la moyenne, et une pluviométrie moyenne de 22 mm (70% inférieure aux moyennes du mois). Des chiffres de précipitations un peu inférieurs à ceux de Saint Emilion (37 mm cumulés relévés à la station de château Mangot pour les journées du 17 et 18 septembre). Un seul épisode de gros orage durant ce mois, le 18 septembre, est à l'origine de cette quantité d'eau. Les meilleurs terroirs de Saint Emilion n' ont pas souffert, car le temps chaud et sec s'est réinstallé imédiatement. Les nuits restent suffisamment fraîches pour éviter le développement du botrytis sur les meilleurs terroirs.

 

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Le mois d'octobre a aussi battu des records : température moyenne : 17,5°C ( 3,5 points au dessus des moyennes du mois) et un cumul de précipitations de 41,4 millimètres ( soit 53% de moins que les moyennes mensuelles), dont près de la moitié ( 18 mm) sont la conséquence d'un important orage du 8 octobre.

La véraison a pu, enfin, se dérouler dans de bonnes conditions, dès le début du mois de septembre, et même sous des conditions de sécheresse par la suite, avec l'apparition de baies flétries sur les grappes (surtout sur les Merlots), sur l'ensemble du vignoble de Saint Emilion. Les vendanges ont pu se dérouler dans les meilleures conditions possibles, en fonction du caractère précoce ou plus tardif des terroirs. 

 

La dégustation des baies 

Je me suis rendu le vendredi 3 octobre 2014 sur la côte Pavie pour déguster des raisins. Troplong Mondot, Pavie Macquin, et Pavie (sauf les jeunes vignes) n'avaient pas encore commencé les vendanges, Larcis Ducasse venait juste de les débuter.

J'ai observé, dès le début de mon parcours, des grappes avec des baies flétries, dans une proportion difficile à définir, mais non négligeable.

Les jus et les pulpes des baies ( Merlot) sont sucrés à très sucrés, les peaux sont assez fermes mais sans astringence, ni amertume, la pélicule externe des pépins offre une teinte marron. Les pépins croqués, laissent entevoir une légère astringence, et une pointe d'amertume. Les baies des Cabernets Francs sont très légèrement moins mûres, mais elles sont cueillies plus tard que celles des Merlots. La sensation générale est celle de beaux fruits mûrs, sans sensation végétale comme en 2013.

Mon impression finale est celle d'un millésime qualitatif sur ces terroirs de la Côte Pavie.

 

La dégustation des vins

J'ai goûté les vins à divers stades de leur élaboration dans six propriétés, après la fermentation alcoolique dans un premier temps, et après la fermentation malo-lactique. Ces dégustations ont concerné essentiellement des propriétés à terroir argilo-calcaire (Saint Emilion et satellites), et une seule propriété sur sols graveleux et sablo-graveleux (Denis Barraud : Saint Emilion).

J'ai pu goûter de très bons à excellents vins, et même probablement grands à la fin de l'élevage, pour quelques-uns. Les terroirs sont bien marqués, avec pour les Merlots des profils plus allongés et denses, avec des tannins fins, enrobés sur les sols purement calcaires, très floraux et très fruités au nez comme en bouche, et minéraux. Les Merlots sur argile ou marnes argileuses sont dotés de fruits mûrs et intenses à tout les stades de la dégustation, avec des centres sphériques, amples, et charnus, longs et harmonieux.

 

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Les Cabernets francs sont magnifiques : purs, précis, floraux et épicés, d'une belle douceur tactile, centrés et profonds, très longs, frais et aromatiques. Il en est de même pour les quelques Cabernets Sauvignons dégustés.

La dégustation des vins, après la fermentation alcoolique laissait entrevoir des vins d'une qualité proche de 2010, sur une bonne moitié des cuves. Après la fermentation malo-lactique, certains vins se positionnent entre 2009 et 2010.

Les grandes réussites du millésime sur les meilleurs terroirs du plateau argilo-calcaire de Saint Emilion résultent d'un travail rigoureux, réactif et minutieux à la vigne ( il ne fallait pas partir en vacances le 15 août en 2014!, avec la pression du mildiou et un botrytis latent qui régnaient ).

 

La nature nous a encore gratifiés d'un millésime atypique, surtout dans la fin du cycle, avec un mois de septembre le plus chaud et sec depuis une cinquantaine d'années, et le mois d'octobre également. L'adage cher à Emile Peynaud “ août fait le moût” a été mis à mal par “dame nature” puisque la concentation des jus a été le résultat du flétrissement des baies survenu à la suite de la sécheresse du mois de septembre et du début octobre. Les rendements sont bons, mais moins généreux qu'espérés après la floraison.

 

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Des amis oenologues sérieux, fiables, et discrets m'ont confirmé l'existence de grands Cabernets Sauvignons en rive gauche ( moins arrosée par les pluies que la rive droite) dans la lignée de ceux de 2010.

Les dégustations “ primeurs” nous permettront d' ajuster ces premières sensations, et de voir si ce millésime est globalement plus qualitatif sur une rive plutôt que l' autre, ou si les réussites sont hétérogènes.

 

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Commentaires
D
Merci, Brigitte pour ta lecture. Au plaisir de te revoir au printemps
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B
Je me suis régalée à lire ton dernier article Daniel. Tes mots sont à la mesure de ta curiosité et ton plaisir à observer, goûter, déguster...et partager.
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