Un duo languedocien
J’ai pu acquérir chez un caviste, il y a une dizaine de jours, quelques bouteilles de Mas Jullien, Je souhaitais me faire une opinion rapidement du potentiel de ce vin, pour avoir une idée de sa garde, et pouvoir le boire au meilleur de sa forme. Il a été dégusté pour lui-même sur une durée de 48 heures, après une mise en carafe, et a accompagné un filet mignon de porc farci aux cèpes.
L’autre vin commenté a été bu, après dégustation, avec une terrine de ris de veau à l'oriental.
Coteaux du Languedoc Clos Marie : Manon 2008
La robe, de couleur ochracée à reflets de couleur beige clair, est brillante, le nez, net et d’une bonne intensité, évoque la pêche de vigne (pulpe et peau) accompagnée d’agrumes légers et des notes d’anis et de muscade. La bouche est charnue, les sensations sont ascendantes, dans un centre bien tenu par une acidité de bon aloi qui dynamise les saveurs fruitées et donne de l’élan à une finale persistante, élégante dans son dessin, bien équilibrée, fruitée, florale et épicée, avec des notes de miel, et une fine amertume . Noté 16
En accord : terrine de ris de veau au fenouil et anis, fenouil confit.
Un accord pour le moins sudiste, conformément à l'esprit du vin, tablant sur un certain raffinement. La terrine est froide évidemment et permet de donner aux ris de veau une saveur proche des aspics de viande.
Coteaux du Languedoc : Mas Jullien 2007
La robe est profonde avec un liseré de couleur sanguine à violine, le nez est fermé et s’ouvrira très modestement au fur et à mesure des dégustations en laissant entrevoir des arômes de petites baies noires, et de très discrètes notes de thym et d’olives. La structure en bouche est très belle. En attaque les tannins sont veloutés, le vin se trame, avec énergie dans un milieu de bouche avec des tannins plus fermes et denses dans le centre du grain, bien enrobé par une chair serrée. Les saveurs fruitées sont nettes mais peu soutenues, La finale vaut essentiellement par sa structure , car les fruits ne s’expriment que modérément, le vin finit droit, finement texturé, avec un superbe équilibre.
J’ai choisi de ne pas noter ce vin, à cause de son manque d’expression aromatique due à une phase de fermeture, mais son potentiel, à l’analyse de sa construction et de son équilibre, me parait être très élevé. Incontestablement un vin de garde.
En accord, un filet mignon, farci de cèpes, sauce à base de framboise au vin.
Le mélange des saveurs a abouti à un concept qui s'orientaliserait autour d'un doux-amer, en raison du goût de la farce à base de cèpes et de la sauce qui s'était bien impregnée de la framboise et que j'avais épicée légèrement de muscade et de cardamome. Avec le Mas Jullien, l'accord n'était pas au plus juste. Sauf, au regard des textures et des impressions de bouche : la viande ligneuse et fondante tout à la fois donnait du répondant à un vin d'une belle trame tannique plutôt serrée dès le milieu de bouche. Nul doute qu'il en a paru d'une belle buvabilité autour de ce plat.