Le domaine Vernay aux Vignes de Léo (2)
Présentation
des trois Condrieu blancs, Les Terrasses de l’Empire, Les Chaillées de l’Enfer et
le Coteau de Vernon
Les
méthodes culturales au Domaine Vernay sont biologiques mais non certifiées,
disons… non revendiquées comme telles. C’est davantage une philosophie, une
idée précise du meilleur produit qu’un argument de vente.
Le
travail sur les Coteaux est difficile. Christine emploie un homme par hectare.
(Partout ailleurs, c’est en moyenne un employé par hectare !)
Le
travail se fait sur échalas, et la taille est en guyot simple.
La
vinification est classique ; le raisin est en vendange entière, cueilli le
matin, en caissette de 20 kgs. Après un pressurage automatique, un débourbage à
froid, le vin est selon les cuvées mis en cuves tronconiques
ou en barrique pour les fermentations alcoolique et malolactique.
Les
températures de fermentation ne dépassent pas les 17/19°, et le chai est
climatisé.
Le
but est de garder la typicité qui intéresse les Vernay. L’élevage est de 10
mois ou d’un an pour les vieilles vignes, et la mise en bouteille se fait au
bout de 14 mois.
Les
malolactiques sont toujours faites, car elles se déclenchent naturellement. Il
est vrai que les équilibres en acide ne sont pas énormes, mais comme il n’y a
pas vraiment de malique non plus, les fermentations malolactiques ne
déséquilibrent pas le vin. Pour preuve, le millésime 2003…
Stéphane
Derenoncourt intervient : le
viognier n’est pas le cépage qu’il affectionne, loin s’en faut. Mais il est
convaincu de l’exception en terme de qualité qu’offrent les vins de Christine
Vernay. Elle sait, par un travail dont il se dit admiratif, présenter la
substantifique moelle du meilleur de ce que peut apporter ce cépage lorsqu’il
est aussi habilement conduit…
Christine précise que ses vins ont un potentiel de
vieillissement de 2 à 3 ans, mais pour autant, elle souhaite conserver l’usage
du bouchon.
Stéphane
précise qu’effectivement, étant dans
l’optique d’une consommation rapide, l’usage de la capsule à vis pourrait se
justifier ! mais on préfère rester sur le bouchon… pour des raisons
culturelles, qui agissent comme un blocage en réalité pour oser passer à
l’emploi de la capsule… C’est si doux d’entendre déboucher une bouteille…
Pour
autant, il ne faut pas méconnaître les problèmes que pose le liège. Il s’agit
d’une demande toujours croissante pour une production restreinte et donc de
plus en plus cher. Quant aux choix alternatifs, comme les plastiques ou les
lièges technologiques, rien ne garantit qu’ils ne sont pas captifs d’éléments
polluants…
La
traduction d’une expression minérale dans les vins de Christine Vernay, selon
elle, serait une signature en terme de fraîcheur dans les vins que peuvent
apporter des sols granitiques à biotites. La vigne est obligée d’aller chercher
dans les fissures des réserves. C’est ainsi que les vignes vont chercher les
expressions de leur terroir.
Les
Chaillées de l’Enfer,2008
A
l’olfaction beaucoup de miel et d’odeurs de fruits jaunes se répandent sur des
impressions d’épices orientales (curry, safran), définissant une palette
aromatique subtile, éclatante et vivante et nullement contredite par une bouche
qui l’étoffe davantage encore en accordant à cette fraîcheur la sensation de
menthe. La longueur est magistrale, savoureuse, imprégnée du melon et de
fleurs. Le vin est relativement tendu, d’un bel équilibre en terme d’acidité et
de maintien.
Le
mot « chaillée » est un terme local – de l’Ancien Français,
« chaillou », qui a donné caillou – et qui désigne les terrasses…sur
lesquelles, le travail s’en est trouvé très ardu, très difficile notamment en
raison de la chaleur…
Les
Chaillées de l’Enfer est une cuvée qui est vinifiée séparément, en barrique,
dont 1 sur 4 neuve de chêne français et élevage d’un an. La cuvée 2008 a été
mise en bouteille en décembre 2009.
Elle
a pour caractéristique de présenter des notes réglissées, miellées et des notes
de pain d’épices.
Les
rendements pour les deux cuvées que sont Les Terrasses de L’Empire et Les
Chaillées de L’Enfer sont respectivement de 28 hl/ha et de 30hl/ha, avec
une forte densité d’un mètre sur un mètre.
Les
Chaillées se présentent dans la « flûte », qui est la bouteille
traditionnelle du Condrieu.
1992
est le premier millésime des Chaillées.
Les
Terrasses de l’Empire, 2008
Il
s’agit d’un assemblage de différentes parcelles de viognier bien implantées
dans un terroir de granit.
2008
a été un millésime difficile
A
l’olfaction, certaines impressions de menthe saisissent la tenue aromatique des
fruits (poire, pêche, mais fraise au sucre également) et des fleurs (rose ou
violette…)
La
bouche apporte beaucoup d’amplitude. Savoureuse dès l’attaque, usant son écot
de miel, de bonbons des Vosges, de pêche, elle signe d’une belle présence dans
son milieu, enrobe le maintien qui sait se finir subtilement grâce à l’acidité
qui apporte ce qu’il faut de fraîcheur tant dans ses prolongations qu’aux notes
de fruits jaunes qui gagnent alors en pureté.
Coteau
de Vernon, 2008
Belle
olfaction, dense, capiteuse et d’une grande générosité de fruits à l’identique
du précédent : pêche, melon, abricot.
La
bouche est tendue, bien marquée de son acidité pour construire une finale fraîche
et gourmande sur les amandes, le miel, la cannelle, le zan et autres épices,
d’une belle complexité.
Le
Coteau de Vernon est à faire vieillir. On a dégusté un 72, jeunesse et
fraîcheur époustouflantes.
On a cette amplitude et cette complexité et terroir qui s’exprime à pleine bouche…dans le Coteau de Vernon. C’est l’expression la plus noble du Condrieu. On produit 7000 bouteilles sur une production normale. Ce Coteau est le berceau du domaine – les terrasses sont sur le cœur de l’Appellation - planté par son grand-père dans les années 1940 et son père dans les années 1960.
Isabelle