Une verticale du Château Larcis Ducasse (Saint Emilion) : 24 millésimes (fin)

Le château Larcis Ducasse est une propriété de la côte sud d'un peu plus de 11 hectares jouxtant Pavie. Le vignoble s'étage sur un dénivelé de 50 mètres entre le sommet du plateau calcaire à astéries jusqu'au pied de côte, il est planté de 78% de Merlot et 22% de Cabernet franc, avec des densités de plantation de 5500 pieds par hectares pour les vieilles vignes, et 7500 pieds par hectares pour les replantations. L'âge moyen du vignoble est de 35 ans. Les sols et sous-sols peuvent être regroupés globalement en quatre unités (de haut en bas):

 - Le plateau calcaire à astéries est surmonté d'une couche d'argile rouge ferrugineuse (argile de décarbonatation).

 - La côte est le siège de l'unité géologique des molasses du Fronsadais. Ce sont des formations qui associent un calcaire lacustre à matrice d'argiles fines. Du point de vue lithologique, il s'agit de marnes à dominante calcaires, parfois recouvertes débris calcaires provenant du plateau.

 - Le pied de côte : les molasses du Fronsadais sont recouvertes par une matériel lithologique varié ( colluvions anciennes): sables éolien, argiles, fragments de calcaire plus ou moins dégradé.

- Les colluvions récentes constituent la dernière entité ; il s'agit de sables d' origine fluviatiles déposés par la Dordogne, et des dépôts récents provenant de l'érosion du plateau.

Le vignoble est travaillé sans utilisation d'engrais chimiques et de désherbants en combinant enherbements et travail mécanique ( voir ici pour plus de détails sur les travaux à la vigne et les vinifications) .

 A partir de 2010 un deuxième vin ( Murmure de Larcis Ducasse) est produit.

Voici les derniers commentaires de la troisième partie de cette dégustation portant sur une sélection de millésimes allant de 1945 à 1967.

J'ai trouvé cette série très intéressante, avec des vins au caractère affirmé, ce qui n'est pas une mince réussite compte tenu des connaissances de cette époque en termes de viticulture et d' œnologie.

Il me semble que le style des vins en fonction de la nature géologique des sols et sous sols est bien défini, en y ajoutant bien sûr l'effet millésime.

Les vins sont aromatiques : très floraux (les roses dans tous leurs états), avec un palette fruitée variée (cerises, mûre, cassis et framboise), des arômes d'évolution faisant la part belle à la truffe noire, des allures longiformes, cylindriques où la densité, et la concentration naturelle (trame tannique plus ou moins serrée) signent la large dominante calcaire des marnes sur les argiles. Des chairs veloutées à parfois presque pulpeuses qui seront la signature des vins de ces quinze dernières années sont déjà bien esquissées. Des finales allongées, délicates, fraîches, parfumées et salines se perçoivent déjà sur certains millésimes. Il y avait dans cette dernière série les prémices du grand vin élaboré aujourd'hui.

Larcis Ducasse 1967

La robe est très soutenue, de couleur rubis au centre du verre, à tuilée au bord du disque. Le bouquet intense et séduisant évoque la cerise et son noyau, les fleurs capiteuses (roses dominantes), de fines épices et des notes de truffes noires. La bouche est élégante, les tannins fins sont enrobés par une chair soyeuse, de construction allongée, rehaussée de fruits encore frais. La finale est délicate, fraîche, élancée, et complexe. Note plaisir 16,5

Larcis Ducasse 1966

La robe est très soutenue de couleur grenat à orangée. Le nez est expressif avec des arômes d'encens, de fleurs fanées, d'humus, de papier d'Arménie, et des notes de fruits rouges. La bouche est veloutée à l'attaque, assez corsée, et finement charnue dans un centre relevé de fruits encore frais. La finale est un peu plus tannique, fraîche, assez complexe et légèrement astringente. Note plaisir 15

Larcis Ducasse 1964

La robe est assez profonde, avec des teintes rubis et légèrement tuilées. L'olfaction est bien ouverte avec des arômes de fruits noirs (cassis) de baies de Setchouan, de thé noir, de fines épices, et de légères truffes noires. La bouche est bien dessinée, délicatement charnue, avec un corps bien formé, cylindrique et fruité (fruits encore « frais »). La finale est allongée, avec des tannins un peu fermes restant enrobés, délicate et très aromatique, avec une note saline. Note plaisir 16

Larcis Ducasse 1962

La robe assez profonde de couleur grenat est très légèrement évoluée au bord du verre. Le vin s'ouvre à l'aération sur des arômes de cerises (pulpe et noyaux) d'épices douces, de champignons nobles (dont la truffe), et de roses variées. La bouche est svelte, élancée, soyeuse, fraîche, fruitée, portée par une nette fraîcheur (sans excès) qui étire une finale aérienne, aromatique, et subtile dans sa complexité. Note plaisir 16

Larcis Ducasse 1961

La robe est profonde de couleur rubis à grenat légèrement évoluée au bord du verre. Le bouquet séduisant et intense évoque le cassis, la cerise et son noyau, l'encens, la cannelle, la truffe noire, le chocolat fin, les roses anciennes, et de légère notes réglissée. La bouche est très veloutée, presque pulpeuse, bien chair, doté d'un corps plein et dense, rehaussée de fruits «frais» épicés. La finale est longue, harmonieuse, (fraîcheur impeccable) persistante, complexe et saline. Note plaisir 17,5

 

Larcis Ducasse 1959

La robe est assez profonde, de teinte grenat à légèrement orangée au bord du disque. Le nez est intense avec des arômes de fruits murs« vivants » (cerises, framboises, baies de sureau) d'épices variées (girofle, genièvre) de truffes noires, d'écorces d'oranges, de roses et de léger moka. La bouche est riche, charnue, dense, sans se départir de la finesse du cru, très veloutée, fruitée et épicée. La finale est longue d'un délicieux velouté de texture, harmonieuse et complexe. Note plaisir 18

 

Larcis Ducasse 1945

La robe est assez profonde grenat à orangée au bord du verre. Le bouquet expressif et complexe évoque les cerises légèrement kirschées, la framboise, le thé noir, les fleurs séchées, le gingembre, la truffe noire, avec de légères notes cacaotées et d'épices orientales. L'attaque est délicate, les sensations sont ascendantes, le vin est bien corsé, charnu, d'une séduisante douceur tactile et très aromatique. La finale est un peu plus marquée par le tannins, tout en restant complexe et expressive, elle finit une peu sèche et légèrement astringente. Note plaisir 15,5. Une bouteille moins qualitative que d'autres.