25 juillet 2011
A propos de Pavie Macquin 1998
Nous avons invité, pour un dîner dégustation des amis de la filière « vin ». J’ai choisi de servir deux vins de la rive droite du millésime 1998 sur le plat principal : ris de veau sur un lit croquant de céleri et de chou, cerises fraîches légèrement poêlées à la muscade, et réduction au vinaigre balsamique et au vin rouge. J’ai ouvert et mis en carafe, deux heures avant la dégustation, les deux vins suivants : Vieux Château Chauvin 1998 et Pavie Macquin 1998. Je ne suis pas très favorable à la mise en carafe des vins de la rive droite pour une consommation rapprochée, je trouve que l’élevage ressort trop, dans ces conditions. Ce fut le cas pour un des deux vins.
Vieux Château Chauvin 1998 a été très séduisant, avec des arômes de cerises très pures, finement épicées un élevage de qualité, une bouche nette, fruitée, ronde, sphérique, des tannins élégants et enrobés, une finale persistante aux fruits gourmands, et assez complexe. Noté 16,5
Pavie Macquin 1998 : l’olfaction est dominée par l’élevage, la bouche offre une belle qualité de fruits rouges, le vin a du corps, mais manque de liant dans les différentes phases de la dégustation, la finale n’a pas l’allonge et l’éclat habituel du vin. Noté 14,5
Les vins sont présentés à l’aveugle, et les commentaires des invités sont évidemment élogieux pour le premier vin, à juste titre. Des doutes sérieux sont émis sur la possibilité que l’élevage se fonde pour Pavie Macquin, et sur l’équilibre du vin. Ils restent du vin dans les deux carafes, qui sont conservées au frais, et je décide de regoûter les deux vins 24 heures plus tard. Le défaut de bouteille n’est pas à exclure, malgré un bouchon impeccable juste marqué sur le disque. Voici les commentaires du lendemain.
Saint Emilion Vieux Château Chauvin 1998
La robe est profonde de couleur rubis à sanguine, avec des signes d’évolution au bord du verre (teinte orangée).La bouche est veloutée, et charnue, en attaque, c’est rond, les fruits sont en retrait, et dominés par des saveurs épicées, les tannins issus de l’élevage marquent davantage le vin. La finale est persistante, épicée et réglissée, avec des saveurs fruitées peu expressives, et des sensations d’astringence. Le vin manque de charme, et semble sur le déclin. Noté 14 en note plaisir.
Saint Emilion : Pavie Macquin 1998
La robe est très soutenue, de couleur pourpre à rubis, sans signe d’évolution. L’olfaction est nette, avec des arômes floraux, d’épices douces et de fruits rouges (cerises dominantes), l’élevage est en retrait et n’est perceptible qu’à l’olfaction. La bouche est pleine, avec des tannins raffinés bien enrobés par une chair serrée. Le milieu de bouche est compact, dense, profond souligné par des saveurs de cerises mûres, fraîches et intenses. La finale est étirée, persistante, fraîche, avec des tannins toujours aussi élégants, rehaussée de fruits juteux (cerises) d’une excellente intensité, accompagnés de fines épices et de réglisse, et des notes calcaires et salines en ultime sensation. Noté 17,5. La grande jeunesse du vin limite la note plaisir 16, qui sera beaucoup plus haute quand la complexité sera au rendez vous dans quelques années.
La vérité à un instant t, n’est pas celle obligatoirement du lendemain, et encore moins celle d’un vin élaboré pour un garde certaine.
Cette expérience montre une fois de plus que les grands terroirs argilo-calcaire du plateau de Saint Emilion sont les plus aptes à l’élaboration de vins de garde ou de longue garde, quand les vignes sont travaillées dans le respect du terroir.
Commentaires
Merci pour ces commentaires que j'avais lus pour partie sur BDE.
Voici ce que j'ai lu sur votre site In Vino Veritas :
"4. Saint-Emilion : château Pavie Macquin Grand cru classé 1997 :
DS15,5/16 – PC15,5/16 – MS16 – JP16 – CD17,5. Note moyenne : 16,25
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Robe dense, assez jeune, bordure mince.
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Nez sanguin, fumé, grillé, viril mais ne manquant pas d'élégance.
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Bouche serrée, musculeuse, qui semble avoir bien digéré un élevage conséquent. Le milieu de bouche est un peu doucereux et la structure, extraite, roule les mécaniques, mais la finale reste fraîche et propre. Ce vin se montre bien plus convaincant que lorsque nous l'avions goûté au Masters de Podensac en 2004, son élevage paraissait alors caricatural et très "Nouveau Monde/garage"."
Tout ceci montre bien qu'il faur rester prudent avec l'évolution de Pavie- Macquin, et plus encore avec le 1998, dont on reparlera dans une petite dizaine d'années pour le conditionnement en bouteilles.
Avril 2001 - IVV Toulouse - horizontale Bordeaux 1998
Saint-Emilion Grand Cru Classé : château Pavie-Macquin 1998
L’après-midi : DS(13) - PR13 - PS14. Note moyenne AM : 13,3 (cr par Pierre Simon)
Le fruit compoté, la robe sombre préfigure une vendange mûre. La bouche est ronde caressante, la finale est belle avec une sensation sucrée. Nous sommes en présence d’un vin « moderne ». La matière est gâchée par une maturité à la limite de la cuisson. Vin exubérant mais lassant.
Le soir : DS(14,5?) - LG(15) - MS14 - MF14. Note moyenne SOIR : 14,4? (cr par Laurent Gibet)
Nez fortement boisé, monobloc, impliquant principalement de la cerise, du cassis, de la réglisse. Un dégustateur le comparera à celui d'un Priorat (grenache/carignan, au fruit crémeux presque cuit, dominé par un élevage très appuyé, flirtant avec le bourbon).
Bouche démonstrative, rentre-dedans, très sollicitée (extraite), jeune certes mais ne procurant qu'un plaisir très limité (on notera sa présentation bien rébarbative à l’ouverture). On y constate heureusement une appréciable préservation de la fraîcheur.
Jugement réservé, donc, comme il y a quelques années à Vannes, et évolution à suivre pour ce style moderne, qui me paraît vraiment tenter le passage en force, mais qui a ses amateurs.
Rappel : St-Emilion Château Pavie-Macquin 1998 : 14,5/20 - 18/11/06 (LG)
Boisé démonstratif : café, bourbon (on pense à du chêne américain), épices cacaotées, fruit profond (cassis), réglisse, havane. Peu harmonieuse et plaisante, la matière est relativement tannique, puissante, un poil alcooleuse et rustique. Ses goûts de bonbon acidulé et de piment peuvent entraîner vers Rioja. Selon un dégustateur, ce vin possède un caractère hermaphrodite (et la bouteille peine un peu à se vider) ... J'avais déjà eu l'occasion de peu apprécier un Pavie-Macquin 97, vraiment trop boisé (on avait pensé à un californien). Des amis m'ont dit l'avoir pour autant regoûté bien mieux quelque temps plus tard. A suivre, donc !