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Journal d'un passionné de la rive droite
22 juin 2010

Les Riesling Grand Cru du Domaine Albert Mann

La présentation du Domaine Albert Mann, possession de vignes sur huit communes, est racontée par Jacky Barthelmé… qui en avant goût des verres qui se calent entre lui et moi jubile : « Etre un vigneron est une chance et je vais vous en faire profiter ce soir »…

Et de poursuivre…

 

« Mais oui ! Pour faire un bon vin, rien de plus facile. Il suffit d’un grand terroir, d’un grand millésime, et d’un bon vigneron qui respecte son fruit.

Et à propos de terroir…

L’Alsace est unique : elle se situe entre la barrière rocheuse des Vosges, et la forêt noire, barrière de plus de 250 millions d’années, même chaîne avec le Jura et les Alpes. Le bassin rhénan s’effondre, perd un millimètre tous les ans. Mais il détient la plus grosse réserve d’eau potable. Si les sols ont toujours été tirés dans la largeur et la longueur, il en résulte une grande diversité géologique.

 

Et des terroirs particulièrement propices à la viticulture. Ce sont d’abord les celtes qui ont planté la vigne puis les romains. Ensuite, dès le Xème siècle jusque vers 1648, ce sont les allemands. Les vins qui en résultaient étaient les plus côtés en Europe ».

Était-ce une culture qui visait l’assemblage ?

« Pour l’essentiel. On sait que le riesling est un cépage qui était utilisé en Allemagne depuis le 13ème siècle. Il est fait mention aussi à cette même époque de certains terroirs comme le Schlossberg et comme le Furstentum »

Justement, nous passons à la dégustation du Schlossberg 2008..

«  Le nom de Schlossberg, signifie littéralement « la montagne du château ». L’etymologie provient du nom schloss, qui signifie « château » et « berg », la montagne. En effet, le Schlossberg doit son nom au château qui s’y trouvait autrefois sur le point culminant de Zellenberg.

 

En 1927, mon grand père institue une charte de qualité et entreprend donc de se rendre dans les différentes caves. A force de goûter, il se rend compte que les vins issus du Schlossberg avaient la particularité d’être étirés et minéraux.

 

En 1935, il soutient la demande d’une classification en AOC pour le Schlossberg, mais naissent des dissensions. Il faut donc attendre 1945 pour que l’AOC soit effective. La mise en bouteille est alors obligatoire. En 1975, la mention de 1er Grand Cru est revendiquée pour le Schlossberg. Enfin, de 1983 jusque 1992 les 49 autres crus progressivement connaissent la classification actuelle. »

Riesling, Schlossberg, 2008

De multiples odeurs de pierre à fusil, de fleurs blanches, de mirabelles et d’autres fruits jaunes remplissent la corne d’abondance du verre. La bouche est particulièrement douce et onctueuse, bien qu’elle s’étire dès l’attaque et se dévide du rouleau des saveurs de fruits jaunes et du noyau, des agrumes vers une finale aux ressorts multiples que peut laisser l’impression minérale du graphite : mine de crayon, fumé, salinité…

L’acidité est vive, rafraîchissante, constructive en terme de tension et de rectitude.

Jacky commente son vin :

« 2008 est un millésime exceptionnel. Le Schlossberg est un terroir granitique, composé de mica, roche plus tendre. Et pour le riesling un atout. D’ailleurs, nous voulons offrir un vin qui se nourrit de son sol. Pas de son engrais. Aussi pratiquons-nous une viticulture biologique. Nous pratiquons le labour à cheval, nous refusons tout intrant dans le vin, et nous n’employons que de la levure indigène. Ensuite les vins sont élevés sur lies fines.

 

Le Schlossberg offre des vignes de type nordique. Leur caractéristique est bien celle d’offrir des vins dont la minéralité s’exprime par une acidité en pointe de cathédrale, comme j’aime bien dire. C’est pour moi l’image la plus conforme à ce que je ressens. La finale apporte une salinité qui fait saliver.»

Riesling, Schlossberg, 2007

2007 est plus expressif au nez en terme de fruits : eau-de-vie de mirabelle… mais il se dote d’une superbe floraison. La bouche s’ouvre sur de belles amertumes de pamplemousse blanc puis de tout autre agrume…, lorsqu’il se complexifie. Légèrement naphté, tendu, le riesling se laisse vivre longtemps : toujours aussi tendu jusque dans la finale, hérissé d’une acidité qui pourrait le rendre nerveux, s’il n’était pas suavement nanti de fruits.

 

« Techniquement, reprend Jacky, ce n’est pas fait sec : 8.75g d’acidité pour 11g de sucre résiduel. Il faut 3 à 10 ans pour se faire plaisir sur les schlossberg. Ces vins peuvent attendre en effet. 2007 est pour moi un millésime qui est un train de se refermer. Cependant, il est tendu comme un coup de trique. Il ne se laisse pas dépasser par la puissance… »

Je discute du choix de la capsule…

« Mon père disait qu’il ne fallait jamais faire un mauvais vin en bouteille avec son nom… Donc, si j’utilise la capsule, c’est qu’il me semble que je peux y mettre du bon vin… Mon expérience du vin capsulé remonte à 20 ans. Un jour, je goûte un fendant de 30 ans. Celui-ci avait été embouteillé avec un bouchon de liège et avec une capsule à vis. Nous goûtons l’un et l’autre vin, celui avec le bouchon est fini ! mais celui avec la capsule nous surprend il est superbe! C’est depuis cette expérience que j’ai fait le choix de la capsule à vis. Mais en y allant progressivement. »

Schlossberg, Riesling 2006.

Le nez est sur les fruits jaunes, le noyau et le melon essentiellement. Mais il est au pourtour des fleurs capiteuses. La poudre d’amande apporte en union olfactive des réminiscences du calisson d’Aix. L’aération prolongée dévoile des notes de mandarine, et s’il est une impression légère d’épices, elle serait celle de la graine de fenouil.

La bouche quant à elle est dessinée du goût de graphite, à la pointe net du crayon. Si l’acidité est moins impressive, elle est toujours au service d’un beau soutien. Les saveurs de mirabelle, d’amande et du noyau s’enroulent harmonieusement jusque la fin de bouche, d’une délicieuse rétention d’amande amère.

Jacky se souvient :

 

« 2006 a été un millésime difficile. Tout l’été, je suis dans les vignes. Après des températures caniculaires, les pluies de septembre puis les retours de beaux temps ont en réalité eu raison des parcelles précoces. Les vieilles vignes font de petits rendements. Et la maturité a été atteinte 10 à 15 jours avant l’ouverture des vendanges. On fait des demandes de pré-vendanges. Les premiers moûts titraient déjà à 13/14°. De 40/45 hl, par ha on a récolté 35/37 hl/ha, sur les Schlossberg, ce terroir assez pauvre, squelettique. »

Schlossberg, Riesling, 2002

 

Le nez évente davantage d’impressions de fleurs que de fruits : fleurs séchées, pot-pourri… En plus des épices douces et d’un côté safrané, des senteurs de silex ou de pierre frottée complètent le bouquet.

 

La bouche confirme la subtilité et la complexité aromatique du millésime. L’attaque laisse glisser un vin d’une belle densité, d’une juste onctuosité, puisque l’acidité équilibre magistralement l’épaisseur pour qu’elle se fonde sur des arômes frais, purs et sur une finale d’une remarquable rémanence.

« 2002 est un grand millésime, il est un peu botrytisé : 17 grs de SR… On sent la surmaturité en bouche, qui donne un peu d’épaisseur. Mais le retour est long, et j’aime son côté mine de crayon, c’est subtil. Ce vin a 25 ans devant lui. Il est d’une belle élégance. Pour moi, il est l’archétype entre 2006/2008 de ce que peut produire de meilleur le Riesling sur le Schlossberg »

Isabelle

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